Charlie Mortdecai est un marchand d’art raffiné, un peu escroc sur les bords, et souvent aux marges de la justice. Mortdecai a un immense manoir, une Rolls à vendre, un domestique rompu à toutes sortes de techniques, des dettes, une somptueuse épouse et une proéminente et alambiquée… moustache.
Lorsqu’une restauratrice d’art est retrouvée assassinée, et un fabuleux Goya perdu dans la nature, le MI5, poussé par la nécessité, fait appel au marchand véreux. Lequel ne voit en cette affaire que l’occasion de rembourser les 8 millions de livres qu’il doit à la Couronne.
L’ennui, c’est qu’il y a vraiment beaucoup de personnes occupées à courir derrière cette toile à la réputation sulfureuse… et donc après Mortdecai. Lequel n’a aucune idée de comment mener une affaire d’espionnage.
À l’affiche, Johnny Depp en lord maniéré, et Paul Bettany en homme de main. Si vous êtes fan des interprétations cabotines du premier, vous serez servi. On retrouve dans Charlie Mortdecai les traits qui ont rendu Jack Sparrow célèbre. Car Mortdecai est un lord, certes, mais c’est surtout un bon à rien, ce qui entraîne la plupart des séquences comiques du film. C’est quasiment par accident que Mortdecai résout ses affaires, et – très – souvent grâce à l’intervention musclée de Jock, son fidèle domestique, interprété par un Paul Bettany dur comme un roc. Le contraste est fort, et la prestation de Bettany vient adoucir le léger trop-plein de bouffonneries de Depp. Bon équilibre ! On saluera également la prestation de Gwyneth Paltrow, en lady stylée, raffinée… mais aussi roublarde et manipulatrice.
L’intrigue mêle considérations personnelles (les Mortdecai sont au bord de la ruine), train de vie aristocratique, enquête échevelée (après le MI5, un terroriste, les Russes, et tous les marchands d’art courent après le secret du Goya), scènes d’actions musclées et souvent absurdes … et multiples considérations sur l’affreuse moustache qu’arbore désormais fièrement Charlie Mortdecai. Une chose est sûre, l’histoire ne se prend pas au sérieux, en témoignent les découpages audacieux (et parfois étranges), le choix de la voix off narrant certaines péripéties, ou les gigantesques lettres flottant au-dessus des paysages et nommant les destinations. Plus qu’un thriller ou un film d’aventure, Charlie Mortdecai est une vraie comédie, et en affiche tous les codes. Ainsi, il n’y a pas vraiment de suspens – même si l’on se demande comment cela va tourner – et tout repose sur les situations plus burlesques les unes que les autres. L’ensemble fonctionne, mais on regrettera que le tout ne soit pas un peu plus mordant.
L’histoire de Charlie Mortdecai, si elle est cousue de fil blanc, et manque un peu de piquant, n’est pas désagréable à regarder : la comédie policière fonctionne, les acteurs sont parfaits dans les rôles assignés et, hormis quelques longueurs et gags répétés, on passe un bon moment.
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