Depuis le succès retentissant de Nos étoiles contraires (le roman, comme le film), la « sick-litt » ou littérature « de malades » a le vent en poupe. Mais c’est un genre dans lequel il est difficile de se démarquer.
Gallimard jeunesse a publié, le mois dernier, un nouveau roman adolescents de sick-litt : Sans prévenir, du britannique Matthew Crow, qui s’en sort avec les honneurs.
Sans prévenir, c’est comme ça qu’est arrivée la maladie de Francis. La leucémie. Comme un invité indésirable, elle s’est incrustée dans sa vie, et s’affaire à la lui pourrir consciencieusement. A 15 ans, Francis se pensait immortel et voyait la vie dérouler son tapis rouge devant lui.
Plusieurs tests médicaux désastreux plus tard, il intègre un service hospitalier sécurisé, réservé aux adolescents. Là, il séjourne dans une chambre commune, où se trouvent Paul, l’archétype du sportif beau gosse à qui tout réussit, Kelly, la bimbo décérébrée par excellence, et Ambre, une adolescente caustique, et qui tente de prendre le peu de vie qui leur reste du bon côté.
Et Francis se rend compte assez vite que cancer ou pas, ses camarades de chambrée et lui ne vont pas s’entendre.
Francis aime les films romantiques, il aime la musique, il est introverti et il adore plus que tout étaler ses connaissances encyclopédiques à qui veut – ou ne veut pas – l’entendre. Étonnamment, il se lie d’amitié avec la très désagréable Ambre qui, peu à peu, va réussir à faire sortir Francis de sa carapace.
Là où Sans prévenir se démarque des autres romans du genre, c’est en se concentrant sur les personnages…et pas seulement les protagonistes ! Évidemment, Ambre et Francis tiennent les rôles-titres, et sont donc fouillés. Mais Matthew Crow s’intéresse aux autres personnages, notamment les parents. Ainsi, les deux mères de famille ne sont pas des personnages fantoches, mais des personnages à part entières, qui ne vivent pas seulement à travers leurs enfants, et ont leurs propres histoires. Cela change des romans excessivement centrés sur leurs protagonistes, et c’est très rafraîchissant.
Dans le même ordre d’idées, la maladie n’est pas constamment au centre de l’histoire : elle est là, elle a des conséquences désagréables et néfastes, mais ce n’est pas tellement le sujet de l’histoire. Bien sûr, il est question de comment Ambre et Francis mènent leur nouvelle vie, et comment la maladie influence leurs comportements, mais il est surtout question des petites expériences de la vie d’un ado. C’est réaliste, souvent décalé et drôle, et l’auteur offre un point de vue original sur la maladie.
Malgré un sujet qui semble rebattu, Matthew Crow signe avec Sans prévenir un roman globalement original, décalé, drôle, et évitant tout pathos. Les personnages et l’histoire sont aussi réalistes que touchants ; un roman à découvrir !
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