ROMAN FANTASTIQUE — Arrivé récemment en poche, Morwenna, le roman fantastique de Jo Walton, nous transporte dans un Pays de Galles hautement chargé en magie. Récompensé par les prix les plus prestigieux, comme le prix Hugo, le prix Nebula et le British Fantasy Award, Morwenna a pourtant échoué à nous convaincre.
Elles étaient deux, mais des filles Phelps, il ne reste plus que Morwenna. L’adolescente vient de perdre sa soeur jumelle dans un accident de voiture, accident qui la laisse boiteuse et meurtrie. Confiée à un père qu’elle ne connaît pas, puis laissée sous l’égide d’un trio de Parques peu amènes, Morwenna est envoyée dans un pensionnat sévère et peu réjouissant. La jeune fille pourrait se laisser abattre… mais parvient à tirer du réconfort dans les fées qu’elle voit autour d’elle, et dans ses nombreuses lecture.
Car Morwenna est férue de science-fiction, et dévore ses lectures à un rythme qui nous laisseraient tous pantois ! Le résultat ? Un long catalogue un peu laborieux de titres et d’auteurs en tout genre : si vous n’êtes pas adapte de science-fiction et de fantasy, passez d’emblée votre chemin. La vie de la jeune fille est totalement rythmée par le club de lecture le mardi, et les visites à la bibliothèque le samedi. En dehors de ça, il ne se passe pas grand chose. Cette liste aride de lectures et de commandes de livres risque de vous endormir, quand le fan d’imaginaire s’enthousiasmera pour cette jeune lectrice si passionnée.
Morwenna est certes passionnée, mais elle n’est pas très attachante : très détachée, un peu prétentieuse, pas spécialement sympathique, la jeune fille évolue de surcroît dans un univers un peu sinistre qui peine à séduire le lecteur. Quoi de plus déprimant, en effet, qu’un obscur pensionnat perdu dans la campagne galloise, quand en plus le roman donne l’impression qu’il y pleut/fait sombre/neige en permanence ? Le fantastique qui s’invite dans le récit parait presque hors de propos : le lecteur en vient à douter des visions de Morwenna, et finit par s’en agacer.
Heureusement, le roman bascule dans le dernier tiers : Morwenna devient plus sympathique, s’ouvre davantage au monde. Si le lecteur s’agace de ses inquiétudes permanentes sur la manière dont elle peut, magiquement, avoir influencé ou non son entourage (elle a même la prétention de croire que son usage de la magie a pu faire surgir du néant des personnes qui ne seraient jamais nées sinon), il aime suivre sa relation avec Wim, Greg, la bibliothécaire de l’école… Ces personnages sont tous extrêmement sympathiques, et nous les découvrons avec plaisir. On a tous rêvé d’avoir pour alliée la bibliothécaire de son lycée, non ? Mais surtout, voilà enfin Morwenna plus humaine, plus tangible !
Ce roman avait tout pour nous séduire, et c’est donc à regret que nous devons admettre que la magie n’a pas fonctionné. Morwenna propose pourtant une réécriture intéressante des mythes gallois, ainsi qu’une vision intelligente de l’adolescence… Dommage. Nous sommes passés à côté.
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