Retour à Peyton Place, la rançon du succès

ROMAN AMÉRICAIN — Années 1950. Nouvelle-Angleterre. Après des débuts mouvementés, Allison MacKenzie connaît la gloire : son premier roman, Le Château de Samuel, est un immense best-seller. Mais le succès, si exaltant soit-il, peut avoir un goût amer quand l’adulation de la presse se mue en harcèlement quotidien. Seul l’amour clandestin qu’elle vit à New York avec Lewis, son éditeur, lui paraît sincère.

Afin de se préserver, Allison se réfugie à Peyton Place, où vit toujours sa mère, Constance. C’est cependant à la haine de toute la ville qu’elle va se heurter une fois encore. Une haine féroce attisée par la jalousie…

Les écrivains, pour la plupart, souhaitent devenir célèbres. Mais, chance ou malédiction, quel est le véritable visage de la gloire ?

C’est là le sujet principal de Retour à Peyton Place. Allison, après l’excitation des premiers instants se rend très vite compte que la rançon du succès est terriblement élevée et qu’elle n’est pas la seule à la payer. Les répercussions sur sa vie et celle de sa famille sont décuplées par leur appartenance à une petite communauté où son roman est considéré comme une infâme trahison.

Retour à Peyton Place, Grace Metalious, Presses de la cité

Ainsi l’émerveillement se mue très vite en regret et la presse, telle une infernale girouette, abandonne les articles dithyrambiques au profit de critiques assassines. Allison prend alors conscience qu’elle n’est qu’un pion dans la grande machine du succès et qu’en jouant le rôle qu’on lui a attribué, elle se laisse déposséder de son œuvre, voire de sa propre personnalité.

La prose de Grace Metalious est agréable et teintée d’une sombre ironie. Son intrigue est bien menée et ses personnages ne manquent ni d’intérêt ni de personnalité. Quant aux récits parallèles, loin d’égarer le lecteur, ils rejoignent naturellement l’histoire d’Allison et la nourrissent, ajoutant tantôt à la noirceur du récit, tantôt à sa sensibilité.

Retour à Peyton Place est une leçon de vie dans laquelle on ne peut s’empêcher de reconnaître l’histoire de l’auteur, elle-même victime du succès de son premier roman. Ce second ouvrage, écrit sur l’insistance de son éditeur, semble être le reflet de l’expérience amère que Grace Metalious a fait du succès. Cependant, elle a choisi de laisser une chance à son héroïne, alors qu’elle-même ne s’est jamais remise des affres de la célébrité, peut-être est-ce là une tentative désespérée pour changer sa propre fin ?

En conclusion, Retour à Peyton Place, est un très bon ouvrage. Son ironie cinglante, sa peinture réaliste de la société et de ses démons ainsi que la justesse des sentiments en font un récit qui vaut le détour.

Retour à Peyton Place, Grace Metalious. Presses de la cité, mai 2016. Traduit de l’anglais par Jean Muray.

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