LIVRES — Quand vous entrez dans ma chambre, il n’est pas très compliqué de deviner de quel côté du lit je dors. L’une des deux tables de chevet est encombrée de bouquins. Deux piles actuellement. Celle des livres à chroniquer. Et l’autre, celle des livres que j’ai un jour commencé à lire et que, pour une raison X ou Y, j’ai interrompu.
Je l’avoue, je suis parfois une lectrice dissipée, qui commence plusieurs livres à la fois, pour en abandonner un ou deux en cours de route. Et forcément, plus je m’éloigne du livre en question… moins il y a de chances pour que je le reprenne un jour. Je me suis dit que ça pourrait être intéressant de passer avec vous en revue les livres que j’ai un jour mis en pause. J’essaierais de vous dire pourquoi et peut-être que vous, vous aurez envie de me dire « mais enfin, Emily, ce livre est génial, reprends-le ! ». Et peut-être que je le ferai ! Voyons voir.
Les anciens (là depuis tellement longtemps que certains ont fini par réintégrer ma bibliothèque) :
Istanbul, Orhan Pamuk (Folio)
J’ai décidé de lire ce roman après des vacances à Istanbul (motif de lecture ô combien original, on en conviendra). En 2011 donc. Je l’ai reçu à Noël dans la foulée, et l’ai ouvert en avril 2012, alors que je commençais mon premier stage dans l’édition. Manque de pot : le rythme nouveau de ce tout premier stage, combiné à un mémoire à rendre et à une grippe ont provoqué une énorme panne de lecture. Selon mon carnet, j’ai lu deux fois moins en avril 2012 que ma moyenne de l’époque. Je n’avais juste plus envie. Du coup, je n’ai lu que trente-quatre pages de ce roman avant de le poser. Triste.
Le Vaisseau ardent, Jean-Claude Marguerite (Folio)
Je l’ai embarqué dans l’avion pour San Francisco en 2012. Mais, trop excitée par la perspective du voyage, je l’ai rapidement mis de côté pour me concentrer sur les dix jours à venir et leur organisation. J’ai essayé de dormir (j’ai échoué). J’ai regardé des films (ça, j’ai réussi). Bref, en onze heures de vol, je n’ai quasiment pas lu. Mais, San Francisco, les gars ! C’est vraiment dommage car le peu que j’en ai lu m’a vraiment plu. Alors un jour, promis, je le lirai, et je peux même vous dire que pour cela, je suis prête à le racheter en numérique (car il est énorme et donc peu maniable) alors que je déteste lire autrement qu’en papier. Pour ce livre et les promesses qu’il renferme, j’y suis prête.
Je devais aimer, mais…
À la guerre comme à la guerre, Aleksandar Gatalica (Belfond)
Bon, alors là, promis, ce n’est pas franchement ma faute. J’étais en vacances, seule dans mon nouvel appartement tout douillet, et je me faisais un petit marathon de lecture. Nous étions en décembre 2015. Ce roman avait tout pour me plaire : roman choral qui se passe pendant la première guerre mondiale, franchement, j’attendais ça de pied ferme. Et… je n’ai pas réussi à accrocher au début. Je l’ai donc mis de côté en me disant que je le regarderai de nouveau un de ces quatre. Bon. C’était en décembre 2015. Nous sommes début 2018. Voilà quoi.
Pour les mêmes raisons que ce dernier roman, L’Immeuble Christodora de Tim Murphy (Plon) et Mount Terminus de David Grand (Seuil) sont en attente depuis des mois, voire des années.
Les Mandible, Lionel Shriver (Belfond)
Celui-là, je l’attendais de pied ferme. J’avais beaucoup aimé le seul autre roman que j’avais lu de cette auteure (Big Brother) et le sujet me paraissait très intéressant. Dès que je l’ai eu entre les mains, j’ai commencé à le lire. J’ai tenu moins d’un quart du roman avant de me rendre à l’évidence : je n’accrochais pas du tout au récit, l’auteure me perdait, je lisais sans parvenir à fixer mon attention sur les mots. Mis de côté pour plus tard… je ne suis honnêtement pas sûre d’avoir envie de réessayer un jour.
Watership Down, Richard Adams (Monsieur Toussaint Louverture)
Oui, oui, je l’avoue. Pourtant, je suis entourée de gens l’ayant lu et me conseillant de le faire : nous sommes trois dans mon bureau, et mes deux collègues l’ont lu. Le destin assez hors du commun de ce roman, réédité superbement en 2016 par les éditions Monsieur Toussaint Louverture, m’intriguait beaucoup. Le jeu d’épreuves presse disait que c’était « The Walking Dead, sans zombies mais avec des lapins » (en gros), du coup ça me bottait carrément. Et puis, voilà, bêtement je n’ai pas réussi à aller au-delà du fait que oui, ce sont des LAPINS. Le style ne m’a pas trop plu, non plus. Du coup, j’ai vite interrompu ma lecture pour commencer… A Game of Thrones en VO, que vous retrouverez plus bas dans la liste. Pour rester dans les séries.
Le Mystère du hareng saur, Jasper Fforde (10/18)
Je suis une grande fan de la série Thursday Next, découverte à l’adolescence. J’ai adoré le côté loufoque et bibliophile de la série, dont j’ai dévoré les tomes successifs de la seconde à la terminale (en gros). Peut-être que du coup, trop de temps avait passé quand j’ai voulu me plonger dans un nouveau tome des aventures de Thursday. Probablement, même.
La Belle Sauvage, Philip Pullman (Gallimard)
Probablement pour la même raison que le roman précédent. J’ai adoré la première trilogie de Pullman, lue entre le CM2 et la 5e (vous avez vu comme mes repères temporels sont fiables, pourvu que j’arrive à me raccrocher à des jalons scolaires ?). Et puis là… patatras. Je me suis rendue compte que je lisais sans parvenir à me fixer sur l’histoire, résultat je relisais inlassablement les mêmes paragraphes. Je l’ai mis en pause, puis je l’ai carrément prêté à un de mes collègues. Je me suis dit que je poursuivrai la lecture pendant mon congé maternité, mais vu que je ne l’ai plus à la maison… Loin des yeux, loin du coeur !
Sheppard Lee, Robert Montgomery Bird (Aux forges de Vulcain)
Ce roman avait tout pour me plaire (y compris une jolie couverture, et oui, je suis faible, ça compte). Mais le héros m’a horripilée, le style n’a pas su conserver mon intérêt, du coup je l’ai mis de côté pour le congé maternité (où, vous l’aurez deviné, j’ai toujours autre chose de plus tentant à lire). Franchement, parfois, je me désespère devant tant de candeur face à ma capacité de procrastination.
J’aimais bien, mais mauvais timing…
Cox ou la course du temps, Christoph Ransmayr (Albin Michel)
Alors là, c’est vraiment une question de timing. J’ai commencé à lire ce roman, qui me plaisait bien au demeurant, en septembre dernier. Pile poil dans cette période du premier trimestre de grossesse où tu te transformes en larve incapable de se concentrer, nauséeuse au moins six heures sur vingt-quatre, et qui s’endort dans le canapé pendant le JT de M6. Inutile de dire qu’en août et septembre, j’ai très peu lu. J’étais même à deux doigts de commencer à regarder des soaps tellement la grossesse m’épuisait et me bouffait les neurones. La machine est repartie en octobre, mais Cox ou la course du temps est resté sur le carreau.
Alors là, j’avoue : je ne vois pas pourquoi
A Storm of Swords, G. R. R. Martin (VO)
Ayant beaucoup aimé la série HBO, et n’ayant pas gardé un souvenir foufou du premier tome lu en français, dans le découpage Pygmalion, dans un exemplaire emprunté en bibliothèque, j’ai voulu redonner sa chance aux livres en achetant un joli coffret VO. Et là : miracle. J’ai tout de suite accroché et dévoré les deux premiers tomes de la série en version originale. J’avais beau connaître l’histoire, j’ai pris grand plaisir à relever les différences avec la série TV. Puis, je me suis arrêtée en plein troisième tome, en me promettant d’y revenir un jour. C’était il y a un an.
The Magicians, Lev Grossman (VO)
On m’en avait beaucoup parlé (la fameuse comparaison qui tourne sur la toile, au grand dam des vrais fans, d’un « Harry Potter pour les adultes »), du coup j’ai désormais la trilogie au complet, en VO, dans ma bibliothèque. J’ai bien entamé le premier tome, c’était super chouette et puis je me suis laissée distraire par un autre livre (je suis visiblement une lectrice volage) et voilà, ça fait un an qu’il prend la poussière dans un tiroir de ma table de chevet (oui, il n’est même plus sur le dessus de la pile, c’est triste, mais c’est ainsi).
Cloud Atlas, David Mitchell (Points)
C’est drôle, je l’avais acheté pour le même voyage en avion que Le Vaisseau ardent. Bref, cinq ans après l’avoir acheté en librairie (habituel chez moi, puisque j’amasse compulsivement des romans avant de mettre des siècles à les ouvrir, je suis l’équivalent littéraire d’un écureuil qui stocke pour l’hiver), j’ai commencé à le lire. J’ai adoré le début. Puis mon attention a décru pendant un des chapitres. J’étais fatiguée à ce moment-là, je n’arrivais plus à lire dans les transports (je vous raconte vraiment toute ma vie !), et voilà comment un livre se retrouve en pause pendant un an.
Muse, Jonathan Galassi (Fayard)
Ça parle d’édition, à New York ! C’était fait pour moi ! Le début m’a séduit, je dévorais avec plaisir, c’était bien écrit, et tout. Donc là, vraiment, je ne comprends pas pourquoi, d’autant que le roman est court (il arrive que, pour des raisons pratiques, les pavés me découragent, comme Brève histoire de sept meurtres est en train d’en prendre le chemin, parce qu’aller lire un pavé pareil en fin de grossesse… pas pratique du tout !). Ça restera un des mystères de ma vie.
J’adore cette article ! J’avais aussi envie d’en parler sur le blog de ces livres qui ne s’accrochent pas et qui attendent haha. Je suis comme toi, j’ai tendance à en commencer plein en même temps pour au final en terminer un seul.
Merci ! 🙂
Je serai curieuse de lire ton article !
Olala, alors moi y en a un, en particulier qui me vient DIRECT à l’esprit tellement je ne m’explique pas qu’il me tombe des mains comme ça, c’est : Les chroniques des Ravens, tome 1 : Aubemort, de Clive Barclay. Ca me laisse tellement perplexe que j’ai retrouvé le titre sans y réfléchir, je m’en rappelle…. 😀
En fait, j’ai tenté trois fois de le lire et trois fois il m’est tombé des mains sans que je sache pourquoi ! J’aime bien le style, l’histoire m’intéresse, les personnages n’ont pas l’air trop bêtes… Je sais pas, j’ai 0 explication. Ca fait au moins depuis le lycée que je n’ai pas retenté l’expérience.
Honnêtement, je redoute presque de le réouvrir une 4e fois pour comprendre pourquoi je n’y arrive pas parce que j’ai peur de tomber dans une autre dimension hantée. :’D Et je dois être bien maso parce que je l’ai retrouvé l’été dernier chez ma mère et je l’ai ramené chez moi dans l’optique de PEUT-ÊTRE lui laisser quand même une 4e chance ! O_O