ROMAN HISTORIQUE — Avec Castelletto, Emma Mars est de retour en librairie. Nous avions lu Hôtel Chambre 1, de cet auteur, et avions découvert un récit délicieusement sulfureux et maîtrisé. Sa nouvelle série nous entraîne dans le Venise du XIVe siècle, ce qui est déjà ultra prometteur en soi… Ajoutez à cela un cadre tout aussi audacieux, celui des bordels vénitiens et vous obtenez une rédactrice de Café Powell très, très intriguée.
Castelletto met en scène Chiara, une prostituée de Venise, réputée pour sa beauté et sa fraîcheur. Quand sa mère, elle-même fille de joie, est morte de la peste, l’enfant a été recueillie par la communauté des catins de Venise. Bien des années plus tard, Chiara rêve de quitter la cité des doges, de s’affranchir de sa mère maquerelle. Mais elle ignore que les hommes les plus puissants de Venise complotent pour mettre en place une véritable cité de la luxure, en y enfermant les prostituées vénitiennes… Pour superviser le tout, un homme d’église est nommé. Quand son regard croise celui de Chiara… je vous le donne en mille, l’homme est sous le charme. Et c’est réciproque !
Roman historique bien documenté, Castelletto nous plonge dans l’histoire vraie de ce quartier des plaisirs qui a existé pendant un siècle à Venise. La vie dans la cité des doges est brossée en quelques grands thèmes emblématiques : la peste qui ravage la ville de temps à autres, les gondoles, les festivités dont le célèbre carnaval, ses prostituées… Si le récit n’est pas aussi virtuose que celui que Luca Di Fulvio consacre à la même ville, il est tout à fait honorable et nous entraîne dans une ville mythique que l’on aime découvrir sous cet angle si particulier.
C’est le parfait écrin pour Chiara, femme libre et courageuse, même si le personnage est un brin attendu : forcément, elle est ravissante, forcément, c’est le love at first sight avec Nicola Chiutto, le fameux homme d’église mandaté pour s’occuper du projet Castelletto, forcément, son ascendance est secrète mais prestigieuse… C’est, avouons-le, un brin too much, mais le roman est si divertissant qu’on pardonne bien volontiers à l’histoire ces quelques facilités.
On aurait aimé un roman un poil plus fouillé, mais Castelletto remplit par ailleurs parfaitement son office : on s’évade entre ces pages, on se prend d’affection pour la communauté des prostituées de Venise, et on aime en arpenter les canaux, les palais et les taudis.
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