ROMAN HISTORIQUE JEUNESSE — Sortez vos plus beaux atours, parez-vous de vos plus beaux bijoux et de vos plus belles broches et pratiquez votre plus belle révérence : aujourd’hui, Silène Edgar (Les loups-garous de Thiercelieux, 14-14, Moana, …) nous invite à Vaux-le-Vicomte, dans la demeure fastueuse de Nicolas Fouquet, en 1661. Suivez le guide !
Pour ses quatorze ans, Françoise de Sévigné, la fille de la très célèbre Madame de Sévigné, est invitée à son premier dîner avec la noblesse. La jeune fille se doit d’éblouir les convives par sa vivacité d’esprit autant que par sa beauté. Mais ce milieu est impitoyable, et l’entrée dans le monde de la jeune Françoise ne se fait pas sans heurts, au grand désarroi de sa mère, qui craint pour leur réputation à toutes les deux. Celle-ci décide alors d’envoyer sa fille à Vaux-le-Vicomte, chez le fameux surintendant des finances Nicolas Fouquet, afin de parfaire son éducation. Et c’est peu avant son départ que la jeune fille découvre par hasard une lettre tirée de la correspondance de sa mère avec Fouquet, qui aiguise sa curiosité. Cette mère si parfaite cacherait-elle un secret qu’il faut à tout prix préserver ? Françoise compte bien mettre à profit son été à Vaux-le-Vicomte pour faire la lumière sur cette situation. Entre ragots, manigances et compliments à double sens, Mademoiselle de Sévigné va mener l’enquête et apprendre les règles de ce monde qui s’ouvre à elle…
Les pérégrinations de Françoise sont une formidable porte ouverte sur l’Histoire du Grand Siècle. En suivant la jeune fille, on fait la rencontre de tous les grands de ce monde : Molière, Mme de La Fayette, Charles Perrault, Lenôtre, La Fontaine, Le Brun… La liste est longue ! Et par la même occasion, cela illustre à merveille la richesse de cette période concernant les Arts et l’héritage important que l’on retrouve toujours aujourd’hui à travers leurs œuvres.
L’auteure, dans sa préface, nous indique d’ailleurs que toutes ces personnes ont réellement existé et qu’elles ont toutes, a priori, fréquenté le château de Vaux-le-Vicomte. Elle encourage d’ailleurs les lecteurs à confronter son histoire avec la réalité historique, afin de vérifier, si oui ou non, ils se sont réellement rencontrés. Et ce parti-pris de titiller la curiosité du lecteur est admirable : c’est un vrai plaisir que d’aller par la suite confronter les sources, de s’interroger sur la véracité des faits et des chronologies. L’auteure est renseignée, tout est fluide et fouillé : elle se base d’ailleurs sur la vraie correspondance de la Marquise de Sévigné avec sa fille, légèrement modifiée (ou pas, si toute cette histoire s’avère réelle !) pour les besoins de l’intrigue.
À travers Françoise, on découvre également l’éducation des jeunes filles de bonne famille de l’époque. C’est bien malgré elle que la jeune fille découvre l’importance de la bienséance et les différentes règles de conduite de celles que l’on appelait alors les Précieuses. Apparence physique, spiritualité, comportement délicat, langage élégant : rien n’est laissé au hasard, le plus important étant sans doute la capacité de ces femmes à entretenir des relations épistolaires de qualité. Pas facile d’être une jeune femme au XVIIe siècle ! C’est tout bonnement fascinant de découvrir les moeurs de l’époque, mais de manière tout à fait ludique et accessible. Mais ne vous inquiétez pas, toutes ces connaissances sont habilement placées dans le texte qui fait la part belle à l’enquête de Françoise. La jeune fille va se fourrer dans tout un tas de situation cocasses ou inattendues et le récit reste rythmé et léger.
En bref, Silène Edgar signe à nouveau un roman jeunesse (à lire dès 11-12 ans) qui a tout bon, que l’on soit fan d’Histoire de France ou de péripéties. On y sent le goût de la connaissance et de sa transmission pour éduquer de manière ludique les plus jeunes ! On le conseillera également aux enseignants pour des 6ème ou des 5ème qui y trouveront beaucoup de matière à exploiter pour donner goût à l’Histoire ou à la littérature.
Soyez le premier à commenter