Tolkien : un biopic poétique et romancé

Tolkien

CINÉMA — Tolkien (à prononcer “Tolkine” !) a indubitablement marqué les esprits ! Considéré comme un des pères fondateurs de la fantasy, il a été remis au goût du jour auprès d’un public plus large après le succès de la trilogie cinématographique du Seigneur des Anneaux de Peter Jackson. Mais quel homme se cachait donc derrière l’auteur ? Quelle fut son histoire ?

Tolkien (le biopic donc !) revient sur la jeunesse et les années d’apprentissage du célèbre auteur. Orphelin très jeune, il rejoint par la suite la King Edward’s School de Birmingham où il noue une amitié très forte avec trois autres garçons de son âge, tous férus d’arts et de culture. Avec eux, il va former une fraternité, sorte de club secret orienté vers les littératures et la poésie, qui leur permet de s’émuler mutuellement. Le jeune Ronald (de son deuxième prénom) va aussi trouver l’amour ! Mais la Première Guerre Mondiale éclate et va marquer à jamais le jeune homme. Ce sont toutes ces expériences qui vont sans doute inspirer Tolkien dans l’écriture de ses romans de la Terre du Milieu.

Alors, à quoi reconnaît-on un bon biopic ? C’est quand on connaît déjà les grandes lignes et que l’on arrive quand même à se laisser surprendre et emporter par le film ! Et pari réussi pour celui-ci. Soyons honnête, John Ronald Reuel Tolkien (incarné ici par Nicholas Hoult)  n’a pas eu la vie la plus palpitante du monde : pas de quête épique dans une nature sauvage ou de destin hors du commun pour lui. Il a suivi son petit bonhomme de chemin à travers les drames personnels et les joies qui ont pu émailler son quotidien. Et pourtant, ce film sait faire passer les petits bonheurs simples qu’il peut y avoir. Sans être épique, le scénario s’attache à montrer les inspirations de tous les jours de Tolkien, l’impact des lieux, des arbres, de ses proches sur ce qui s’avérera être l’œuvre de toute une vie, et ce sans tomber dans l’ennui.

Finalement, à l’image de la vie de l’auteur, ce film est basé sur beaucoup de subtilités : pas de gros clins d’œil bien lourds et bien appuyés à ses œuvres mais des images et des sensations que l’on choisit de ressentir – ou pas. Impossible de ne pas voir la Comté à travers les champs verdoyants de son enfance dans la campagne anglaise ou de songer aux champs du Pelennor alors que Tolkien subit de plein fouet la Première Guerre mondiale et ses tranchées.

Tolkien

Pour garder un rythme convenable et une certaine tension dramatique, on observe tout de même quelques petits arrangements avec la réalité, que l’on pardonne assez aisément puisqu’ils servent, dans leur majorité, l’intrigue. Libre au spectateur, après sa séance, d’aller vérifier et confronter les sources (par ailleurs nombreuses). Cela permet également de découvrir un Tolkien espiègle et prompt à la plaisanterie, bien loin de l’image formelle qui se dégage des quelques photographies datant de la fin de sa vie et que le public peut avoir en tête. On regrettera peut-être quelques séquences d’hallucinations, présentées comme étant dues à la fièvre des tranchées, qui servent à introduire une dimension fantastique au film et dont Tolkien s’est a priori défendu.

Alors certes, il y a quelques libertés prises avec la réalité, ainsi qu’un développement inattendu (et extrapolé sans doute en partie) du personnage de Geoffrey Smith, l’un de ses amis proches, membre également de son club littéraire. Qu’en est-il des oublis ? Absolument aucune mention n’est faite de la religion, alors que c’était une composante importante de la vie de l’auteur. Mais ça ne manque pas vraiment (sauf pour la culture générale) et c’est un parti pris plutôt intéressant qui permet de mettre en lumière le reste : son amitié avec les autres membres de son cercle d’amis, son amour pour Edith Bratt (jouée par Lily Collins) et l’impact de la guerre.

Le tout avec un esthétisme certain et une photographie très belle. Trois palettes de couleurs pour chacun des trois aspects de sa vie traités dans le film : des couleurs vibrantes et lumineuses pour son enfance et son adolescence, très sombres dans les tranchées et le fracas de la guerre et un peu plus nuancées pour l’après-guerre.

Si vous aimez les films d’action ou si vous êtes un puriste de l’œuvre de Tolkien, vous serez sans doute un peu déçus ! Et pourtant, ce film mérite qu’on s’y attarde. Pas toujours réaliste, mais très poétique, il saura vous faire découvrir des facettes insoupçonnés de celui qui a su façonner le paysage de la fantasy moderne. Et c’est bien le principal !

Tolkien, de Dome Karukoski. Sortie le 19 juin 2019. Avec (entre autres) Nicholas Hoult et Lilly Collins.

 

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