ROMAN ÉPISTOLAIRE — P.S. : Tu me manques est le premier roman de Jen Petro-Roy, sur le thème de la famille, de la religion et du courage d’être soi-même.
Evie a onze ans et elle a le cœur brisé. Ses parents, fervents catholiques, ont exilé sa grande soeur Cilla — tombée enceinte à tout juste 16 ans — chez leur lointaine grande-tante, à des centaines de kilomètres de chez eux. Avec interdiction formelle de parler à sa sœur. Alors Evie décide de lui écrire, chaque jour ou presque. Elle lui raconte son quotidien d’adolescente, ce qui se passe dans la famille, ses amies, la comédie musicale du collège, et, de plus en plus, elle lui parle de sa nouvelle amie June. Cette dernière est la nouvelle du collège, et avec elle se développe un peu plus qu’une amitié. En devenant peu à peu sa meilleure amie, June va soulever chez Evie des questions difficiles à aborder, notamment sur son orientation sexuelle. Et dans ces moments là, Evie aurait bien eu besoin de sa grande sœur … qui ne lui répond pas ! Pourquoi Cilla voudrait-elle couper les ponts dans ces moments difficiles ? Pour le savoir, Evie décide de prendre la route et de partir à sa recherche …
Ce roman, c’est donc la somme de toutes les lettres d’Evie à sa sœur sur un peu plus d’un an. Des dizaines de lettre pour refléter le vide que son absence laisse dans sa vie, l’injustice de la situation et l’incompréhension ! On y découvre une toute jeune adolescente qui a farouchement envie d’être elle-même, envers et contre tous. Mais pour ce faire, elle a besoin de sa grande sœur. Car les premiers émois arrivent, et c’est envers une autre jeune fille que son cœur soupire. Or Evie sait parfaitement qu’après avoir affronté le scandale de la grossesse de sa grande sœur, ses parents verraient d’un mauvais œil qu’elle fréquente quelqu’un de son propre sexe. Dans ces conditions, on observe la jeune fille hésiter à suivre aveuglément les préceptes de ses parents ou au contraire à s’en affranchir pour forger ses propres valeurs.
Ne nous mentons pas, ce livre est un peu cousu de fil blanc et il est très facile de voir venir certains rebondissements. Mais il a le mérite d’aborder des sujets difficiles, avec simplicité, sans jugement de valeur et en restant accessible, et c’est bien cela le principal. Le roman touche à plusieurs thèmes plus ou moins universels : l’amitié, la famille, la foi et la religion qui l’accompagne, les premiers émois, la grossesse à l’adolescence, l’homosexualité … Vaste programme donc ! Aucun des personnages n’a tort ou raison et c’est au jeune lecteur de tirer ses propres conclusions. Les parents, notamment, ne sont pas décrits uniquement comme des monstres incompréhensifs et on finit par comprendre, à la lueur des explications apportées, qu’ils sont simplement aussi perdus que n’importe qui.
Sans aucun doute, ce livre saura générer des discussions : les jeunes se posent des questions et il est toujours intéressant de leur proposer des pistes de réflexion. Si vous êtes plutôt réfractaire à la religion en littérature jeunesse, notez quand même que ce livre est globalement neutre et offre une réflexion plutôt que des intentions sur le sujet. C’est donc une lecture sympathique et qui fait réfléchir, à proposer à partir de 12 ans.
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