Broken things : un thriller psychologique prenant !

THRILLER JEUNESSE ─ Lauren Oliver est une autrice américaine, dont les romans pour adolescents Delirium ou encore Before I fall ont emballé les lecteurs. On la retrouve cette année avec un thriller psychologique autour d’un meurtre sordide.

Il y a cinq ans, juste après son treizième anniversaire, Brynn a tué sa meilleure amie, Summer. Elle a été aidée par la troisième larronne de leur trio, Mia, et sans doute un peu entraînée par Owen, un garçon aux motivations troubles. Leur culpabilité à tous les trois est évidente. De fait, les filles avaient plus ou moins décrit le meurtre à venir dans une fanfiction de leur cru de leur roman favori, Le Chemin de Lovelorn, un récit qui les obsédait littéralement. Cela ne fait aucun doute. Mia, Brynn et Owen sont devenus les “Monstres de Brickhouse Lane”, du nom du lieu où Summer est morte. Peu importe qu’Owen ait été acquitté et les filles relâchées faute de preuves.
Peu importe, surtout, qu’ils soient tous trois innocents…

Lorsque s’ouvre le roman, cinq ans se sont écoulés depuis l’assassinat de Summer. Owen a déménagé en Écosse. Mia tente désespérément de vider sa maison, emplie d’un monceau de détritus par sa mère, atteinte de syllogomanie depuis le drame. Brynn, elle, enchaîne les cures de désintox en produisant à volonté des échantillons d’urine truqués, afin d’être certaine de ne plus jamais avoir à arpenter ce monde extérieur qui l’a détruite. Alors que Brynn est forcée de quitter sa cure, Mia met la main sur un indice crucial : elle en est désormais sûre, quelqu’un d’autre était au courant pour la fanfiction. Et ce quelqu’un pourrait bien être le véritable assassin…

L’intrigue nous invite donc à nous repencher sur ce qui s’est réellement produit cinq ans plus tôt, en remontant peu à peu le fil de l’amitié (teintée de haine) des trois filles. Celles-ci étaient littéralement obsédées par le roman (fictif) de Georgia Wells intitulé Le Chemin de Lovelorn, dans lequel trois héroïnes de notre monde tristement banal passent dans un univers parallèle de fantasy où elles vivent des aventures trépidantes (et qui ressemble donc follement au Terabithia de Katherine Paterson). Or, le roman de Georgia Wells se termine sur une phrase inachevée, ce qui a poussé nos trois protagonistes à écrire leur propre fanfiction – avec les conséquences que l’on connaît. Cet univers a tellement obsédé les adolescentes, qui en ont fait leur terrain de jeu lorsqu’elles arpentaient la forêt, que l’on en vient même à se demander – et elles aussi – si elles n’ont pas été victimes d’hallucinations collectives. Évidemment, cela questionne immédiatement leur enquête en cours : car si elles ont été capables d’halluciner un monde de fantasy totalement fantasmé, n’ont-elles pas pu également tuer Summer au cours d’une transe ? De fait, le suspens est vraiment maintenu, et l’on se pose la question de leur culpabilité un long moment !

Le roman alterne entre les deux narratrices, Brynn et Mia, mais aussi entre le passé et le présent. De plus, les chapitres sont entrecoupés d’extraits du roman de Georgia Wells et de leur fanfiction : il faut donc être assez attentif à la lecture pour ne pas se perdre entre toutes ces voix. Et ce d’autant que les voix de Mia et Brynn sont parfaitement identiques, ce qui ne facilite pas l’identification de la personne qui parle. C’est un peu dommage car, hormis cela, le roman s’avère très prenant, le mystère autour du véritable meurtrier étant assez bien gardé jusqu’à la fin.

Sans grande surprise, la contre-enquête des accusés va mettre au jour l’ambiance délétère de préjugés qui gangrène leur petite ville. Pour les autres habitants, il ne fait aucun doute que le trio infernal a assassiné Summer, une enfant abandonnée, solitaire et cruelle, dont personne ne se souciait réellement jusqu’à ce qu’elle meure. La communauté est prompte à juger, lente à pardonner.

Lauren Oliver signe donc un thriller psychologique très prenant. D’une part parce que plane une énorme épée de Damoclès sur l’enquête de Mia, Owen et Brynn, mais surtout parce l’on se demande dans quelle mesure les filles ont été influencées par l’univers magique auquel elles croyaient. Voire s’il a réellement existé !

Broken things, Lauren Oliver. Traduit de l’anglais par Alice Delarbre. A. Michel, 2 janvier 2020.

A propos Oihana 710 Articles
Lectrice assidue depuis son plus jeune âge, Oihana apprécie autant de plonger dans un univers romanesque, que les longues balades au soleil. Après des études littéraires, elle est revenue vers ses premières amours, et se destine aux métiers du livre.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.