POLAR — Si vous aimez les mystères façons roman d’énigme classique Whodunit et que l’atmosphère délicieusement rétro des années 60 vous tente, nous vous proposons aujourd’hui de découvrir Le Corbeau d’Oxford de Faith Martin.
Oxford, 1960. Sir Marcus Deering, un riche industriel du comté de l’Oxfordshire, reçoit depuis quelques temps des lettres de menace de mort. Mais il a pris le parti de ne pas s’en inquiéter, jusqu’à ce que le mystérieux corbeau menace d’assassiner son fils. La police met donc ses meilleurs éléments sur le coup et coupe l’herbe sous le pied de la jeune Trudy, qui rêve de faire ses preuves au commissariat en participant à cette investigation. Mais son statut de stagiaire et surtout de jeune femme joue en sa défaveur. À la place, le commissaire l’associe donc à l’acariâtre Dr Clément Ryder, un médecin légiste qui cherche à rouvrir un dossier classé depuis déjà 5 ans à propos du suicide d’une riche jeune fille. L’étrange binôme se retrouve très vite sur une piste des plus prometteuses. Et si les deux affaires étaient liées ?
Le début du roman demande un peu de concentration : chaque chapitre est centré sur une personne différente et amène son lot de nouveaux personnages et de connexions. Alors certes, il y a toujours un lien qui permet de dresser le tableau, mais les lecteurs inattentifs à ce moment là prennent des risques ! Malgré cela, la construction de l’intrigue et du mystère sont bien pensées et permettent de savourer les révélations le moment venu. Le lecteur a tout à fait le temps et l’espace nécessaires, s’il le souhaite, de s’interroger sur les événements et de mettre lui aussi le doigt sur le passé un peu trouble de Marcus Deering. Mais on peut également choisir de se laisser porter.
L’auteure évoque aussi, sous le couvert des années 60, des problématiques toujours actuelles. En particulier, elle choisit de dépeindre la place des femmes dans le monde du travail. En effet, Trudy Loveday est une toute jeune policière (stagiaire qui plus est !) d’à peine 20 ans dans un monde d’hommes. On observe bien la condescendance dont ses collègues font preuve ou bien encore le syndrome de supériorité flagrant de certains personnages. C’est donc un peu dommage (et pas nécessaire du tout !) que l’auteure ait choisi de (trop) souvent décrire Trudy comme une très jolie jeune femme. Malgré tout, le binôme formé par Loveday et Ryder fonctionne plutôt bien, exploite l’intellect des deux personnages, et fait la part belle à Trudy qui ne joue pas seulement l’ingénue de service. Un très bon point donc !
Une jolie revanche de la jeune stagiaire sur ses supérieurs masculins, une couverture soignée, une intrigue prenante et un duo attachant : on attend avec impatience la suite des aventures de Loveday & Ryder. Une lecture tout à fait plaisante !
Le Corbeau d’Oxford, Faith Martin. Traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Alexandra Herscovici-Schiller. Harper Collins, novembre 2019.
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