FANTASY — De son propre aveu, Nicholas Eames est un lecteur assidu de fantasy, ce qui l’a poussé à déclarer son admiration à Sebastien de Castell, alors que ce dernier était au restaurant ! Et bien lui en a pris ! Il semblerait que la conversation a été si fructueuse, qu’elle lui a permis de sauter le pas. De lecteur assidu, Nicholas Eames est devenu auteur de fantasy, ce qui nous permet désormais de lire ses propres romans, dont on espère qu’ils seront tous du même acabit que Wyld, le roman du jour !
Clay Cooper – dit Main Lente – et ses hommes étaient jadis les meilleurs des meilleurs, la bande de mercenaire la plus crainte et la plus renommée des royaumes bordant le Wyld, une terrifiante forêt peuplée de créatures non moins affolantes. Enchaînant les tournées victorieuses, leurs passages dans les villes soulevaient des hordes de fans enthousiastes. Mais les jours de gloire de Saga, leur roquebande, sont désormais lointains. Les redoutables guerriers ont vieilli, se sont épaissis et ont abusé de la bouteille. Ils se sont perdus de vue. Chacun vit désormais sa petite vie tranquille, qui en assurant les tours de ronde sur les murailles du village, qui en commercialisant des potions magiques.
Mais voilà qu’un jour, Gabriel, un ancien compagnon de Clay, se présente à sa porte et le supplie de l’aider à sauver Rose, sa fille, prisonnière d’une cité assiégée par une horde de monstres sanguinaires de l’autre côté du Wyld. Ce qui revient à se lancer dans une expédition qui a tout d’une mission-suicide… Alors le temps est venu de reformer le groupe. Et de repartir en tournée !
Ce roman a fait grand bruit lorsqu’il est paru outre-Atlantique, et il le mérite amplement ! Nicholas Eames trousse une fantasy héroïque assez classique du point de vue du déroulement de l’intrigue : les vieux héros se retrouvent, partent à l’aventure, traversent de nombreuses et dangereuses péripéties jusqu’à atteindre leur but. Rien de vraiment très neuf sous le soleil, donc. Et pourtant, les quelques 600 pages du romans se dévorent à toute vitesse !
Car si l’intrigue de Wyld suit un cheminement classique, l’univers, lui, ne l’est pas du tout ! Impossible, en effet, de ne pas saisir le parallèle entre ces bandes de mercenaires et des groupes de musique. Ne serait-ce que du point de vue du vocabulaire ! Les roquebandes comportent plusieurs membres (dont des bardes chargés de chanter leurs louanges), sont cornaquées par des managers qui organisent leurs tournées, et sont reçues en ville comme des stars. Mieux, elles se retrouvent à un rendez-vous annuel très prisé qui porte le nom de… Route du roque ! Ce côté rock’n’roll totalement assumé apporte à ce roman un grain d’originalité fort appréciable.
Les péripéties, de leur côté, assurent leur part d’héroïsme et de retournements de situation épiques. Les personnages vivent des moments tour à tour terrifiants, joyeux, tristes, drôles ou exaltants et le lecteur est plongé dans une flopée d’émotions qui rend la lecture tout à fait palpitante.
Voilà une excellente découverte dont, point bonus, le tome 2 (consacré à Rose) est déjà paru en version française !
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