Shadowscent, le Parfum de l’Ombre

FANTASY JEUNESSE — Fermez les yeux et inspirez profondément ! Que sentez-vous ? L’odeur du pain chaud qui s’échappe de la boulangerie voisine, le parfum de l’herbe coupée par la fenêtre, ou bien encore le coton frais de votre lessive en train de sécher ? Le chef d’oeuvre de Patrick Süskind, Le Parfum, avait déjà su nous ouvrir les portes des parfumeurs avec ses notes de tête, de coeur et de fond. Shadowscent, notre découverte du jour, nous emmène également dans le monde des fragrances, mais version fantasy, pour notre plus grand plaisir.

Dans l’empire d’Aramtesh, les parfums sont sacrés et ils ont tous les pouvoirs. Les parfumeurs y sont l’élite de la société et il n’est rien qu’une odeur ne saurait résoudre (ou provoquer !). Rakel est autodidacte dans le domaine : elle a affûté seule son nez et sa connaissance des senteurs dans le but de devenir parfumeuse. Cela lui permettrait de gagner de quoi soigner son père malade de la Pourriture. Mais un étrange concours de circonstance la place au service (forcé !) de la Gardienne des Senteurs, à Aphoraï. Pendant ce temps, le prince Nisaï fait également route vers cette cité dans le cadre d’une mission diplomatique, en compagnie de son garde du corps et ami Ash. Le prince est victime d’une tentative d’empoisonnement et Rakel, présente au mauvais endroit au mauvais moment, est injustement accusée. Elle va donc devoir fuir pour sauver sa peau et prouver son innocence. Pour cela, il n’y a pas d’autre solution que de trouver l’antidote à ce poison. Mais si elle veut réussir, elle n’aura pas d’autres choix que de s’allier à Ash, qui est prêt à tout pour sauver son prince malgré sa méfiance. C’est donc ensemble qu’ils vont sillonner l’Empire, à la recherche d’anciens secrets. Parviendront-ils à sauver le prince ?

Ah, les parfums ! S’ils sont au coeur du mode de fonctionnement de l’empire d’Aramtesh, l’auteure a aussi choisi de les distiller tout au long de son texte, et c’est plutôt réussi, sans être lourd. Chaque détail vient avec son odeur : celle du thym utilisé par les tanneurs, la bergamote des volutes d’encens, la rose du désert associée à une personne chère, … L’occasion de s’interroger sur nos propres madeleines de Proust !

Cette chronique est également l’occasion de souligner que ce roman s’adresse aux 9-12 ans, a priori plutôt bons lecteurs. Les pré-adolescents apprécieront sans doute que l’histoire fasse la part belle aux péripéties plutôt qu’à la psychologie des personnages et à une mythologie trop poussée de l’univers. La quête de Rakel et Ash se déroule plutôt bien, sans trop de difficultés et l’histoire avance vite. Malgré les enjeux, la trame reste légère : c’est donc la parfaite combinaison entre littérature jeunesse et monde complexe.

C’est donc un premier tome qui pose bien les bases et qui laisse deviner les prémices d’un univers intéressant. Si elle manque un peu de profondeur pour le moment, cette lecture n’en reste pas moins très agréable et divertissante. On a hâte de voir ce que nous réserve le tome 2, qui sort début avril en version originale.

Shadowscent, le Parfum de l’ombre, P.M. Freestone. Traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Isabelle Troin. La Martinière Jeunesse, janvier 2020.

 

Par Coralie.

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