BANDE-DESSINÉE — Une fois n’est pas coutume, parlons BD ! Qui n’a jamais entendu parler de la merveilleuse cité d’Ys ? Aujourd’hui, nous vous présentons un magnifique roman graphique qui va vous conter son histoire à travers celle de deux sœurs. Prenez votre respiration, direction les eaux impétueuses de la Bretagne avec Sœurs d’Ys, la malédiction du royaume englouti.
Ys est une ville d’une beauté merveilleuse avec son palais et ses jardins aux milieux des mers. Sa souveraine, la reine Malgven, a utilisé sa magie pour maîtriser les monstres marins et ériger de grands murs qui protègent la cité des eaux tumultueuses. Après son inexplicable mort, ses deux filles s’éloignent l’une de l’autre : cette épreuve va faire voler en éclat leur sororité, leur lien du sang. Et cela amorce le début d’une longue descente aux enfers, entre jalousie, rancœur et incompréhension. Rozenn, l’héritière du trône, passe son temps sur les landes à communier avec la nature, le plus loin possible du pouvoir. Dahut, la plus jeune, jouit au contraire des splendeurs de la vie royale, plonge à cœur perdu dans la magie et se damne pour offrir à cette cité qu’elle n’est pas supposée gouverner son lustre d’antan. Ivres de chagrin et de solitude, les deux sœurs ne se comprennent plus et c’est ce qui va sceller le destin funeste d’Ys. Les écluses ne protègent plus la cité et la météo se déchaîne. Telle l’Atlantide, Ys est-elle condamnée à sombrer dans les abysses ? Quel secret cachait donc Malgven quand elle a fondé la cité ?
Sœurs d’Ys s’inspire d’une ancienne légende de Bretagne, dont il existe bien évidemment de nombreuses versions. C’est donc l’occasion parfaite pour (re)découvrir la mythologie bretonne et la légendaire cité d’Ys. À la fois oubliée, et pourtant vivace dans l’imaginaire collectif, Ys trouve ses racines au large de la baie de Douarnenez, dans le Finistère. Et, de manière surprenante, c’est finalement un auteur américain qui nous livre ses noirs secrets. Noir, comme le récit d’origine : car la légende d’Ys est tout sauf un conte de fées au sens moderne du terme. On y voit le plus sombre de la nature humaine, on y voit des sœurs se déchirer, et surtout on y voit que le cœur des hommes est depuis toujours aisément corruptible.
M.T. Anderson nous livre là sa version de la légende et son texte est fluide et touchant. Mais la légende ne serait rien sans les magnifiques illustrations de Jo Rioux, qui se suffisent parfois à elles-mêmes. L’ensemble est onirique et poétique, et nous emmène en pleine mer, à la découverte des monstres marins et des richesses de la cité, à travers un camaïeu de bleu et de vert. On aime également les planches de fin qui ancrent le récit dans notre réalité.
Un conte sombre et beau que l’on conseille à tous les amateurs de folklore et aux amoureux de la Bretagne.
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