FICTION HISTORIQUE — Et voilà ! Après 3 tomes passés aux côtés d’Aliénor d’Aquitaine, il est temps de la laisser profiter de l’éternité après une destinée exceptionnelle. Reine de France, Reine d’Angleterre, mère de 10 enfants (parmi lesquels 3 rois), Aliénor a traversé des temps mouvementés avant de s’éteindre à plus de 80 ans. Ce dernier tome intitulé L’Hiver d’une reine est l’occasion de découvrir les événements qui jalonnent ses trente dernières années.
Emprisonnée à la fin du tome 2 par son mari Henri II Plantagenêt et séparée de ses enfants, Aliénor est déplacée au gré des humeurs de son mari de château en château. Mais elle ne s’avoue pas vaincue — ni par son enfermement, ni par le chagrin causé par la mort de deux de ses fils — et refuse de se soumettre à la tyrannie. Après la mort de son mari, la voilà de nouveau libre : elle devient reine douairière d’Angleterre aux côtés de son fils Richard Cœur de Lion et s’efforce de tempérer ses fils désormais rivaux dans la conquête du pouvoir. Et c’est pour Richard qu’elle va entreprendre de nouveaux et périlleux voyages, bien que déjà âgée ! Infatigable, elle va entre autres lui amener sa future reine en Sicile en traversant les Alpes en plein hiver. Son retour en Angleterre va également la mettre à rude épreuve par d’incessantes luttes intérieures, notamment avec son autre fils Jean sans Terre, dont la loyauté est plus que discutable. Petit à petit, Aliénor va quand même se retirer à l’écart du monde, après 30 dernières années au sommet de sa puissance politique !
Après un tome consacré à son règne en France puis en Angleterre, il n’y a désormais plus de roi pour contrôler la vie d’Aliénor : et ça fait du bien ! Il lui aura fallu attendre pour exercer son pouvoir et sa politique presque comme elle l’entend, ou tout du moins pour servir les intérêts de la couronne d’Angleterre (et de son duché d’Aquitaine qu’elle n’oublie pas) à la mesure de ses capacités. Malgré sa position privilégiée, Aliénor partage ses réflexions sur la condition de la femme à son époque, et s’en désole. Passer d’un père à un mari, se contenter d’enfanter (alors même que c’est encore dangereux à cette époque) et n’être qu’un objet décoratif : quoi de plus horripilant !
Elizabeth Chadwick a un vrai talent de conteuse : elle nous transmet l’Histoire avec finesse. Et même si elle se permet quelques petits arrangements avec la réalité, c’est toujours dans un souci de fluidité. Il faut dire qu’à l’époque, avec toutes les Isabelle et tous les Guillaume de l’entourage de la Reine, il faut faire preuve d’un petit peu de prise d’initiative pour ne pas perdre son lecteur. Et comme on s’est attaché à Aliénor, c’est à travers le prisme de ses yeux que l’on continue d’appréhender tout ce petit monde. Autant dire que Henri II n’est pas présenté sous son meilleur jour, même si le temps finit par adoucir la rancœur.
Le rythme de ce troisième tome est peut-être un peu plus lent que les deux précédents. Mais cela s’explique aisément : il y a moins de nouveaux protagonistes, et il se passe nettement moins de choses dans la vie d’Aliénor, surtout en captivité. Pour autant, il n’est pas question de l’abandonner pour les années les plus mouvementées de sa vie.
Ce fut un vrai plaisir que de découvrir la vie d’Aliénor d’Aquitaine grâce à cette trilogie. L’équilibre entre réalité historique et fiction a rendu cette lecture d’autant plus agréable. Elizabeth Chadwick est définitivement une autrice à suivre pour qui veut se renseigner sur l’Histoire de manière romancée. Une lecture inspirante sur une Reine audacieuse et passionnée !
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