I care a lot : quand l’administration ne vous veut pas que du bien.

CINÉMA  — I care a lot, est un film à voir sur Netflix, sorti en 2020 et réalisé par Jonathan Blakeson.  Ce dernier est un cinéaste britannique quarantenaire, qui s’est fait remarquer en 2009 grâce à son premier long métrage, La Disparition d’Alice Creed.

Marla Grayson est tutrice légale nommée par les tribunaux pour gérer les biens et les soins de personnes âgées jugées incapables de prendre soin d’elles-mêmes seules. En apparence, elle est très affable, toujours le sourire aux lèvres, et la voix douce comme du velours, comme quelqu’un qui compatit. Elle a d’ailleurs une excellente réputation auprès des juges qui lui attribuent volontiers de plus en plus de pupilles.
Mais ce qui se cache derrière ce sourire angélique fait littéralement froid dans le dos. “Il y a deux catégories de personnes : les prédateurs et les proies. Et moi, je suis une putain de lionne” dit Marla. Elle a choisi de renverser le schéma patriarcal de cette société où les proies se font piétiner, vivent et meurent dans la pauvreté. Marla veut la richesse et le pouvoir. Pour cela, elle doit devenir prédateur et ne jamais lâcher ses proies.
Ses proies ? Oui, vous l’avez compris, ce sont les personnes âgées, riches de préférence, dont elle doit gérer les biens, pour leur bien… Elle a en réalité un tableau de pigeons accroché au mur, et vit dans le luxe sur le dos du système et des personnes. Elle envoie ses pupilles en maison de retraite, revend les meubles, les maisons, et garde la main sur leurs comptes en banque, pour s’enrichir personnellement.

Et personne ne voit rien, parce que finalement, personne ne s’inquiète réellement du sort des personnes âgées. Marla a pensé à tout : la gériatre sélectionne des cibles potentielles, si possible riches et sans famille. Le juge les déclare sous la tutelle de Marla. Le directeur de la maison de retraite ferme les yeux et administre des traitements spéciaux aux récalcitrants. Et, autant vous dire qu’une fois que vous êtes dans le collimateur de l’administration, il n’y a aucun moyen de vous en échapper. Pas face à la Lionne, qui connaît les rouages de la justice comme sa poche.

Un jour, pourtant, elle met le grappin sur la mauvaise personne : Jennifer Peterson. Vieille dame fortunée, qui vit une vie paisible, dans une banlieue aisée. Comme elle n’a pas d’héritiers connus, c’est une aubaine pour Marla, une nouvelle poule aux œufs d’or.
Marla est face à une situation inédite : la proie se rebelle, et promet les pires tourments à sa tutrice si celle-ci ne la libère pas sur-le-champ. Mais Marla décide de faire front, quoi qu’il lui en coûtera.
C’est à ce moment-là que le personnage joué par Peter Dinklage entre en jeu, à mille lieux de Tyrion Lannister qui l’a fait découvrir au grand public. Nous ne dévoilerons rien de plus pour ne pas gâcher votre plaisir.

Tout au long du film, le spectateur est traversé d’émotions fortes. Marla se dévoile tout de suite à nos yeux comme une personne perverse et obsédée par l’argent et le pouvoir. Elle n’a pas de remords, et ne recule devant aucune bassesse pour voler les biens des personnes âgées. Elle est menteuse, comédienne de talent pour se mettre le juge dans la poche. En même temps, on admire sa force de caractère et son courage, même face à des situations extrêmes. Elle a des ovaires en acier trempé ! Rosamund Pike, qui joue Marla, est absolument fabuleuse dans ce rôle, elle a d’ailleurs obtenu le Golden Globe de la meilleure actrice en 2021 pour cette prestation remarquable.

Peter Dinklage joue également très bien, dans un rôle vraiment nuancé aussi, entre business pur et dur, et amour filial.

Le réalisateur a eu une idée de génie pour nous faire découvrir l’envers du décor du rêve américain. Tout le système est vicié, les laboratoires sont de mèche avec les maisons de retraite, et les institutions participent à leur jeu, plus ou moins consciemment.

C’est cynique, glaçant, réaliste, mais en même temps drôle ; c’est une comédie noire très bien réalisée et jouée.

Mais alors, y a-t-il une morale à la fin de l’histoire ? À vous de le découvrir !

I care a lot, réalisé par Jonathan Blakeson, sorti en 2020.

Par Bérengère.

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