VOYAGE DANS LE TEMPS — Comment réussir à se renouveler et à tenir sur la longueur quand on écrit une série de plus de trois tomes ? Posez la question à Jodi Taylor, car elle y arrive admirablement ! Le huitième tome de sa série Les Chroniques de St Mary, fraîchement sorti dans les librairies françaises, en est l’éblouissante preuve.
À St Mary, les historiens ne se contentent pas de potasser d’obscures sources poussiéreuses : ils se déplacent en personne pour observer l’Histoire en marche. Vous pensez « voyage dans le temps » ? Vous avez pigé. Madeleine Maxwell, dite « Max », travaille à St Mary depuis maintenant huit tomes, et elle a connu son lot d’ennuis divers, de périls mortels et de coups du sort tragiques. Dans ce nouveau tome, elle ne sera pas en reste, car Clive Ronan, sa Némésis et l’ennemi de tout l’institut, va tout bonnement se surpasser dans une vendetta véritablement odieuse…
Les affrontements entre Max et Ronan… on pourrait penser en avoir fait le tour au bout d’autant de tomes, mais que nenni ! Ronan surprend dans ce tome, par sa proposition du début du roman, puis par la cruauté de ses agissements en suite. Mon coeur de maman a saigné dans ce tome… L’émotion est au rendez-vous et vos émotions vont faire les montagnes russes pendant tout le roman, vous voilà prévenus !
Côté Histoire, Jodi Taylor nous entraîne avec beaucoup de talent à Hastings, et nous montre une nouvelle fois à quel point elle excelle à nous plonger dans l’Histoire : le lecteur est dans l’action jusqu’au cou, il vit littéralement la plus célèbre bataille d’Angleterre (j’aurais aimé lire ce livre avant ce voyage scolaire maussade qui m’a permis de me rendre moi-même à Hastings… mais en 2004, pas en 1066 !). On sait comment va se terminer les combats, on ne sait juste pas comment, Jodi Taylor arrive à insuffler beaucoup de suspense à un événement historique dont on connait tous la fin depuis presque un millénaire, si ce n’est pas du talent, ça, je ne sais pas ce que c’est ! Autre description historique saisissante, celle de Constantinople en 1204 : Jodi Taylor nous rappelle une nouvelle fois que derrière nos pages de livre d’histoire en papier glacé, il y a de véritables individus qui ont souffert et sont morts, et que la mention d’un conflit sur une page Wikipédia se traduit littéralement en mutilations, viols, tortures et meurtres. Max, chemin faisant, poursuit sa réflexion sur son rôle à la fois privilégié et douloureux de témoin de l’Histoire : assister à ces scènes est terrible, mais Max estime le devoir aux gens qu’elle observe. Son métier, au fond ? Elle le dit elle-même : il consiste à regarder des gens mourir atrocement en prenant des notes. Le métier d’historien n’est plus si glamour…
Voilà donc un excellent tome, hautement divertissant, avec des excursions historiques toujours très réussies et passionnantes. La seule chose qu’il nous reste à dire, c’est : vite, la suite !
Soyez le premier à commenter