La Princesse et la fangirl : libérez le/la geek qui est en vous !

RÉÉCRITURE DE CONTE — En début d’année, nous avions dévoré et adoré Cendrillon 2.0, dont l’intrigue prenait place à la plus grosse convention Starfield du pays. Et ça tombe bien, puisqu’elle revient aujourd’hui pour nous faire découvrir d’autres fangirls dont le cœur vibre pour la fameuse franchise de science-fiction. Et puis, parole de lectrice, c’est aussi l’occasion de prendre des nouvelles de loin d’Ellie et de son prince charmant.

Imogen Lovelace est une fangirl en mission sacrée : elle s’est juré d’empêcher à tout prix les scénaristes de sa saga préférée, Starfield – la meilleure série de science-fiction de tous les temps –, d’en tuer pour de bon l’héroïne, Amara. Mais Jessica Stone, l’interprète de la fameuse princesse, n’en peut tout simplement plus du rôle : trop de pression, trop de fans déchaînés… Or Imogen et Jessica se ressemblent comme deux gouttes d’eau. S’ensuit un terrible quiproquo, au terme duquel il devient évident que les deux jeunes filles se détestent – d’autant que leurs objectifs dans l’existence sont diamétralement opposés. Jusqu’à  ce  que  survienne  la  catastrophe  :  le  scénario  du  deuxième  opus  de  la  série,  confié  à  Jessica  sous  le  sceau  du  secret,  disparaît.  Elle doit absolument le récupérer… ou bien sa carrière est fichue ! Et, pour enquêter,  elle se retrouve contrainte d’échanger sa place avec Imogen, la fangirl la plus enragée du monde.

Alors, suite ou roman compagnon dans l’univers de Il était une fangirl ? Même monde, même type de convention et quelques personnages que l’on connaît déjà. Si les deux intrigues peuvent se lire complètement indépendamment, il sera sans doute préférable d’avoir lu le premier opus, ne serait-ce que pour avoir des explications sur le fandom et l’univers (très fort !) de la série. Si le premier opus correspondait à la ré-écriture de Cendrillon, celui-ci se propose de nous faire découvrir l’histoire du Prince et le Pauvre, qui est sans doute bien moins présente dans l’imaginaire collectif français que chez nos voisins outre-Atlantique. Une sorte de Freaky Friday entre star et anonyme en quelque sorte.

Encore une fois, l’autrice vise plutôt juste avec ses thèmes, qui sont là mine de rien, en filigrane du récit. Car cette fois-ci, si l’hommage à la culture geek est toujours bien présent (avec maintes répliques et maintes références), on en découvre aussi le côté obscur, notamment à travers les personnages de Jessica et Imogen. Avec elles, et à travers elles, on découvre combien les fans peuvent être exigeants, parfois même cassants, avec les actrices qui incarnent leurs héros préférés. Car si chacun a bien évidemment ses attentes, les réactions sont parfois disproportionnées et blessantes. Et cette dualité entre la passion (Imogen qui veut sauver Amara) et la raison (Jessica qui ne veut plus entendre parler de cette princesse) fait tout le sel de ce roman. L’occasion pour les deux filles d’échanger leur quotidien pour quelques jours, et d’apprendre soit à être soi-même et à être plutôt que paraître, soit de découvrir que la vie sous les projecteurs est loin d’être rose !
Qui plus est, l’autrice en profite également pour dénoncer la misogynie latente (et le harcèlement) des milieux du cinéma (mais pas que !). Ce n’est sans doute pas facile à intégrer au texte, mais le message est bien trop important pour être oublié, et ça, Ashley Poston l’a bien compris ! Bravo !

On n’oublie pas non plus le soupçon de romance, essentiel à tout conte de fées. Si l’intrigue se passe en l’espace de 4 jours, l’atmosphère et l’effervescence de l’ExcelsiCon est malgré tout propice aux rapprochements, qui ont le bon goût de prendre leur temps. Adieu les coups de foudre improbables, on regarde aujourd’hui des adolescents prendre leur temps et s’accepter eux-mêmes en premier lieu, quelle que soit leur orientation sexuelle. Le genre de message qu’on aime faire passer aux ados d’aujourd’hui !

Si on garde une affection toute particulière pour Cendrillon 2.0, qui nous a permis de nous régaler à chercher les clins d’oeils du conte original au fil des pages, ce deuxième opus vaut lui aussi le détour. Avec son histoire divertissante, ses personnages attachants, et ses réflexions pertinentes et modernes, il saura faire ressortir le/la geek qui est en vous. Et vous n’aurez plus que deux envies : assister à une convention … et attendre la suite !

Il était une fangirl 2 : La Princesse et la fangirl, Ashley Poston. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Sarah Dali et Ombeline Marchon. Lumen, septembre 2021.

 

Par Coralie.

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