ALBUM JEUNESSE — Saviez-vous que l’espèce des rhinocéros blancs du Nord s’est éteinte en 2018 ? Sudan, un mâle né en 1973, en était le dernier représentant mâle vivant. Dai Yun (aux stylos) et Li Xingming (aux pinceaux) racontent son histoire dans Je m’appelle Sudan, désigné “meilleur album” du Prix Feng Zikai en 2021 – qui récompense les meilleurs livres pour enfants créés en langue chinoise.
En 2016, le duo d’autrice-illustrateur Dai Yun et Li Xingming a pu visiter Sudan dans la réserve kenyanne d’Ol Pejeta, où celui-ci avait été réintroduit après un passage dans un zoo tchèque. Il en est sorti ce magnifique album, qui raconte une histoire particulièrement riche.
On découvre d’abord l’histoire d’un petit rhinocéros heureux dans la savane, entièrement préoccupé par la pousse de sa corne et la découverte de la vie auprès de sa mère attentionnée. Las, sa mère est abattue par des braconniers qui lui volent sa corne. Le petit est à son tour enlevé et envoyé en Tchéquie, dans un zoo, où son soigneur l’appelle Sudan, en hommage à son pays d’origine. Malgré les attentions que lui portent Jan, qui soigne sa corne cassée dans un accident, le nourrit, l’accompagne au bain de boue, c’est un exil parfois triste que vit Sudan : il y a de l’herbe, mais pas d’odeur de terre, il fait nuit, mais on ne voit pas d’étoiles dans l’abri et … il neige !
Vient alors la troisième et dernière partie de l’histoire, celle où Sudan est réintroduit dans une réserve du Kenya avec quelques congénères, pour sauver l’espèce, dont tous les représentants sauvages ont été abattus.
Le récit est porté par un texte à la fois factuel (lorsqu’il est question des caractéristiques de l’espèce, des ravages du braconnage ou des conditions de vie dans la savane), et particulièrement tendre lorsqu’il touche aux sentiments de Sudan. Au fil des pages, l’urgence de protéger le vivant se fait sensible… sans toutefois prendre un ton culpabilisant. Mais le parcours de Sudan alerte sur sur l’extinction animale, incite à réfléchir à la protection des animaux. L’histoire ne cache ni l’existence du braconnage, ni les ravages que cela cause !
Les aquarelles de Li Xingming accompagnent les évolutions du récit : riches en couleurs chaudes dans la première partie, très tendres, elles se font froides dans la deuxième, comme pour souligner les sentiments qui accompagnent l’exil du rhinocéros. Avec leurs nombreux gros plans, ces illustrations nous plongent dans le quotidien du petit rhinocéros, ce qui ne rend que plus prenant cet album !
Voilà une très belle parution aux éditions HongFei, qui évoque avec tendresse la vie d’un rhinocéros au parcours mouvementé, tout en alertant sur la protection des espèces en voie d’extinction. À lire et à offrir sans modération !
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