ROMANS — Les jours diminuent, les vagues de chaleur sont enfin derrière nous et la pause estivale aussi. Mais au fait, qu’avez-vous lu cet été ? Dans le train, au bord de la piscine ou sur la plage, dites-nous tout ! Hasard de la pile à lire, ces vacances à la campagne ont été l’occasion de lire des livres qui se déroulent … à Paris ! Et la Ville Lumière au mois d’août, les parisiens le savent, a une saveur différente. Trois auteurs français, trois styles différents, mais une seule ville !
Royaume de France, 1735. Dans un Paris où les courtisanes du Palais-Royal sont des vampires et les bouchers de Châtelet une meute de lycanthropes, le jeune Louis XV donne à Hippolyte une mission primordiale : maintenir l’ordre dans la face cachée du royaume, peuplée de créatures surnaturelles dont le monde ignore l’existence. Un honneur à double tranchant : c’est la promesse de mille aventures épiques… mais aussi le risque d’éventer son plus grand secret. Car, sous ses dehors rustiques et derrière sa redoutable épée, Hippolyte est en réalité une jeune femme. Quel scandale si l’on apprenait que l’agent du roi lui-même n’est qu’une fille de bonne famille, et libertine avec ça ! Mais on ne devient pas agent du Secret sans un attrait immodéré pour les quêtes impossibles. Et la bravoure d’Hippolyte ne sera pas de trop aux côtés de James, un Écossais indépendantiste, et d’Olympe, esclave et pirate en fuite…
Première lecture de l’été et premier coup de cœur, ça commence plutôt fort. Marie Valente nous emmène en 1735, dans le Paris de Louis XV (avec évidemment quelques incartades du côté de Versailles, royauté oblige!). On y (re)découvre ainsi, en plein XVIIIe, le quartier latin, le palais du Louvre ou bien encore le sordide gibet de Montfaucon. Le Secret du Roi est un roman de cape et d’épées moderne, comme on aimerait en voir plus, avec une touche de fantasy parfaitement fondue dans un univers riche, précis et détaillé. Si vous voulez en savoir plus, vous pouvez retrouver sa chronique complète sur Café Powell.
Le Secret du Roi, Marie Valente. Bragelonne, mai 2022.
Afin de sauver son grand-oncle Théobald, Léo, 17 ans, bascule dans une fontaine des catacombes et se retrouve projeté dans une réplique négative de Paris. Auréolé d’un soleil noir, le Périmonde est un territoire où le temps n’a pas de prise et où règnent des clans aux pouvoirs puissants. Goules, spectres et autres vampires … Chacun sa spécialité ! Mais tous ont en commun de s’ennuyer ferme. Car dans le Périmonde, mourir est certes douloureux, mais cela reste banal et non définitif. Léo n’a d’autre choix que d’affronter tous ces clans lors de la Chasse Sauvage, une course contre la montre où tous les coups sont permis. Heureusement, l’énigmatique Alma est là pour l’aider… mais peut-il vraiment lui faire confiance ?
Ariel Holzl n’a pas perdu ses bonnes habitudes ! Si le décor est un peu moins gothique qu’à l’accoutumée, son humour reste quant à lui toujours aussi caustique. Ça décape et on adore ! Léo est un héros cynique et désabusé, bien cabossé par la vie : il n’a rien à perdre et se lance donc corps et âme dans cette aventure risquée. Rongé par la maladie, c’est finalement au cœur des ténèbres que le jeune homme va s’épanouir. Le côté glauque du récit est largement compensé par les réparties cinglantes et les traits d’humour, ce qui empêche le récit de basculer du côté vraiment trop obscur. Comme toujours avec Ariel Holzl, c’est une petite pépite au rayon YA/jeunesse. On en redemande !
Temps mort, Ariel Holzl. Slalom, Juin 2021.
Paris, au cœur des catacombes. Un homme est retrouvé décapité, une tête de taureau vissée sur le haut de son corps. Un meurtre d’une effroyable cruauté, rapidement suivi d’un deuxième, dans une cave de la capitale. Au sein de la Brigade criminelle, l’enquête est confiée à un curieux tandem. Le capitaine Lothar Kessel, une tête brûlée sur la sellette de l’inspection générale, fait équipe avec une nouvelle recrue, le jeune Clément Charrier, doté d’un QI exceptionnel. Deux flics aux méthodes et aux tempéraments diamétralement opposés, qui n’auront d’autre choix que de coopérer. Le tueur semble mettre en scène les neuf cercles de l’Enfer décrits par Dante Alighieri. Quel genre de monstre, aux méthodes particulièrement violentes et à l’imagination débridée, se terre dans les sous-sols parisiens ? Le diable en personne ? Dans cette atmosphère apocalyptique, Lothar et Clément vont bientôt plonger au cœur des ténèbres, où les attend une course contre la montre – une course contre la Mort.
Décidément, les catacombes ont eu le vent en poupe cet été et c’est plutôt intéressant de les découvrir de cette manière. Le monde des cataphiles est bien choisi : mystérieux et fascinant, cela permet de soigner l’ambiance de l’enquête. Les chapitres sont courts et dynamiques, le rythme ne faiblit jamais, ce qui en fait un véritable page-turner. Un livre divertissant qui se dévore assez vite !
Quelques bémols viennent toutefois nuancer cette lecture. En premier lieu, les personnages manquent un peu de subtilité : même si le duo de personnages principaux finit par trouver son rythme de croisière, les débuts sont laborieux et la psychologie de chacun est un peu trop caricaturale pour être totalement crédible. Enfin, cette lecture donne une étrange impression de déjà-vu, que ça soit avec Le Passager de Jean-Christophe Grangé pour l’ouverture du roman avec la tête de taureau ou Inferno de Dan Brown pour le thème des cercles de l’Enfer de Dante.
En bref, on vous conseille ce thriller divertissant et malgré tout addictif pour vous familiariser avec le genre !
Enfers, Ismäel Lemonnier. Hugo, juillet 2022.
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