Blitz : plongée temporelle dans le Londres de 1940

Blitz, Connie Willis

VOYAGE DANS LE TEMPS — Il y a un an environ, ma bibliothèque s’est séparée du tome 2 du diptyque de Connie Willis Blitz. Le tome 1, Black-out, étant dans ma pile à lire depuis environ dix ans, je me suis dit qu’il était amplement temps de se plonger dans ce roman qui parle de voyage dans le temps, plus précisément dans le Londres de la seconde guerre mondiale.

Je sors de cette double lecture, ayant enchaîné les deux tomes, assez mitigée. Dans l’absolu, j’ai aimé ma lecture : mais j’ai aussi traversé de longues zones de turbulence. Je vous explique.

Les deux romans sont assez épais, autour de 600 pages chacun, et mon expérience de lecture a été plombée par de nombreuses longueurs, par des scènes qui, finalement, n’apportent pas grand chose à l’intrigue qui est, elle, plutôt convaincante. Le pitch est simple : en 2060, le voyage dans le temps a été découvert, et, comme dans Les Chroniques de St Mary, les historiens vont observer les événements qu’ils étudient en personne. C’est ainsi que trois historiens Polly, Merope dit Eileen et Mike, s’en vont pour l’année 1940. La première étudiera la vie à Londres sous le Blitz, la deuxième la vie des enfants déplacés dans la campagne anglaise et le dernier l’héroïsme à Douvres. Mais malheur : rapidement, tous les trois constatent qu’ils n’arrivent pas à rentrer en 2060. Les voilà coincés en pleine seconde guerre mondiale, à plus d’un siècle de leur époque !

Le roman tient donc de la science-fiction, bien sûr, mais ressemble plus à un roman historique, avec de longues descriptions de la vie à Londres pendant le Blitz. Descriptions méticuleuses et soigneusement documentées, d’autant plus impressionnantes que Connie Willis n’est pas britannique mais américaine. Amateurs de fiction historique : vous serez servis !

Les deux romans sont de fait assez inégaux, avec de longues périodes où il ne se passe pas grand chose. Nos trois héros cherchent à s’en sortir, mais grâce à des méthodes loin d’être distrayantes. La recherche sans fin des bases militaires où un de leur collègue aurait pu être envoyé, quel ennui ! Pourtant, à d’autres moments, l’action s’emballe et le lecteur, soudain, n’arrive plus à lâcher le livre. C’est dans cet état d’enthousiasme que j’ai terminé le premier tome et entamé le second… second tome que j’ai mis douze jours à terminer, c’est énorme pour moi !

Outre les problèmes de rythme, les romans souffrent de mon point de vue d’un second problème : la personnalité des personnages. Le trio de tête n’est pas vraiment séduisant et manque de caractérisation. Eileen, surtout dans le deuxième tome, devient un peu agaçante. Polly, avec ses secrets en carton pâte, ne vaut pas mieux. Quant à Mike, son héroïsme un peu machiste… est-ce que ça vaut la peine qu’on en parle ? Finalement et paradoxalement, le personnage le plus charismatique est indéniablement Colin, qu’on ne voit que très peu…

Mon avis est sévère, je le conçois. Malgré ces deux défauts, je reconnais avoir quand même passé globalement un bon moment. J’aime le thème du voyage dans le temps, et Connie Willis joue avec brio sur les questions de paradoxes, de systèmes chaotiques et sur les changements qu’apportent (ou non) les voyageurs dans le temps. C’est vertigineux !

En bref : le mieux que je puisse vous conseiller, c’est de vous faire votre propre idée !

Blitz T1 (Black-out) et T2 (All Clear), Connie Willis. Bragelonne, 2012-2013. Traduit de l’anglais par Joëlle Wintrebert et Isabelle Crouzet.

A propos Emily Costecalde 1154 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

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