Ma vie cachée : guère crédible, cette affaire…

THRILLER ROMANTIQUE — Après sa série à succès Hush, Hush et son incursion dans le thriller avec Black Ice, Becca Fitzpatrick a remis le couvert dans le même style avec Ma vie cachée, qui nous propose de suivre une jeune adolescente faisant partie du programme de protection des témoins.

Estella Goodwin a assisté à un meurtre. Et pas n’importe lequel : celui commis par le dealer de sa mère, un homme que son témoignage va enfin envoyer sous les verrous. Estella est donc devenue Stella Gordon, séparée de son petit ami, Reed, et de sa mère, envoyée de force au fin fond du Nebraska, à Thunder Basin, où elle sera recueillie par Carmina, une policière à la retraite.
Bref, autant dire que ça débute assez mal pour Stella qui, à la douleur de voir sa vie voler en éclats, doit supporter de partir sans aucun moyen de communication.

Ma vie cachée, Becca Fitzpatrick, Pocket jeunesse

Et, dès le départ, on peut dire que ça part assez mal également pour le lecteur. En effet, on a changé l’identité d’Estella pour ne pas qu’on la retrouve… en supprimant une seule petite lettre de son prénom. On peut sans aucun doute saluer le travail hautement imaginatif des responsables du programme de protection des témoins… Là-dessus, on s’aperçoit que Stella ne sera coincée à Thunder Basin que pour trois pauvres petits mois : alors, certes, on compatit à sa douleur d’être séparée de ses proches et envoyée en rase campagne, mais trois mois, ce n’est tout de même pas la mer à boire ! D’autant qu’à l’issue de ces trois mois, elle sera majeure et pourra donc légalement retrouver son petit ami. Là-dessus, il faut compter avec d’autres incohérences peu pardonnables : entre les personnages qui changent de position d’une phrase à l’autre dans la même scène, ceux dont la couleur de cheveux alterne et des précisions temporelles qui laissent à désirer, l’intrigue peine à passionner.
D’autant qu’elle est particulièrement cousue de fil blanc. Car oui, évidemment, Stella va avoir des ennuis. Évidemment, elle va s’amouracher du bad guy local en moins de deux. Évidemment, celui-ci s’avèrera bien plus propre sur lui que ne le laissait croire la première approche (en toute franchise, son acte le plus répréhensible est sans doute de n’avoir pas dit bonjour à sa voisine en la croisant). Et tout est à l’avenant.
Heureusement, Becca Fitzpatrick nous narre tout cela d’un style très entraînant, ce qui fait que l’on passe d’une péripétie à l’autre assez vite et ce malgré le manque global de surprises.

En somme, Ma vie cachée mêle thriller et romance et c’est peut-être le mélange des deux qui fait qu’aucune des deux parties n’est réellement convaincante. Ainsi, malgré des péripéties assez entraînantes, l’ensemble n’est guère crédible : voilà une lecture qu’on ne retiendra pas bien longtemps.

Ma vie cachée, Becca Fitzpatrick. Pocket jeunesse, octobre 2017. Traduit de l’anglais par Catherine Nabokov.

A propos Oihana 711 Articles
Lectrice assidue depuis son plus jeune âge, Oihana apprécie autant de plonger dans un univers romanesque, que les longues balades au soleil. Après des études littéraires, elle est revenue vers ses premières amours, et se destine aux métiers du livre.

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