SÉRIE TV — Trois souveraines ont marqué l’histoire du Royaume-Uni : Elizabeth II, l’actuelle reine, son homonyme, Elizabeth I et enfin, Victoria. Célèbre pour la longévité de son règne et son impact sur la société britannique, cette dernière a tellement marqué son époque qu’on appelé ses décennies de règne l’ère victorienne. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant qu’elle ait inspiré de nombreuses fictions, dont la série historique qui porte son nom, avec Jenna Coleman dans le rôle titre.
Est-ce intéressant de suivre une histoire que l’on connaît à peu près ? Le suspense est-il toujours au rendez-vous ? Pour ce qui est de Victoria, la réponse est oui. Portée par la talentueuse Jenna Coleman, la série brosse un portrait réaliste du quotidien de la reine, dès les premières minutes de son règne. Sa rencontre puis son mariage avec Albert sont bien évidemment partie intégrante de l’intrigue. Mais pas que. La série s’attache aussi à dépeindre le contexte socio-politique de l’époque et les épreuves que Victoria rencontre en la matière. La jeune femme, propulsée au rang de monarque, a tout à prouver, et le biopic montre avec justesse les difficultés qu’elle rencontre, devant sans cesse montrer que, malgré son sexe, malgré son âge, elle est une souveraine avisée et capable. Trouver sa place, savoir susciter le respect : tel est sûrement l’enjeu principal de la première saison, tant pour Victoria que pour Albert, son époux. S’il a le bon sexe pour être pris au sérieux dans l’Angleterre victorienne, il est méprisé par la cour du fait de son origine allemande. Le couple royal entrera un jour dans l’Histoire. Mais avant ça, il faut réussir à satisfaire les parlementaires, la noblesse et le peuple. Vaste tâche.
Jenna Coleman brille dans le rôle titre : elle confère à son personnage beaucoup de fraîcheur, avec juste ce qu’il faut de fragilité pour rappeler le jeune âge de la souveraine. Mais elle a également suffisamment de charisme pour évoquer la royauté, le pouvoir. Le parfait juste milieu entre vulnérabilité et force. Avec Tom Hughes, son partenaire à la ville comme à l’écran, se noue une véritable alchimie, qui sied bien à l’amour fusionnel que se portaient Victoria et Albert. Pour autant, les tensions au sein du couple ne sont pas écartées : la série montre bien à quel point il est difficile pour Albert d’être sans cesse dans l’ombre royale de sa femme, et pour Victoria d’être à la fois une reine, qui commande et une épouse qui, selon les coutumes de l’époque, obéit.
Biopic satisfaisant, qui se découvre comme une intrigue totalement romancée, Victoria convainc donc, par le jeu de ses acteurs principaux, mais aussi pour son histoire qui emprunte aussi bien au quotidien intime des monarques qu’à l’histoire du pays. Les costumes sont par ailleurs somptueux, de même que les dorures de Buckingham Palace. Enfin, mention spéciale pour la musique !
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