FEEL-GOOD — Paru aux éditions Milady, le dernier roman d’Anneliese Mackintosh semble avoir une forte personnalité : un titre accrocheur, une couverture soignée et une quatrième de couverture élogieuse, qui le compare à Bridget Jones. Le Putain de livre du bonheur qui va tout déchirer est en effet un journal intime, de ceux qui appartiennent à une femme forte mais déjantée —comme Bridget.
Ottila a un problème. Enfin, elle en a un paquet. D’abord elle est alcoolique. Son père est mort pendant qu’elle se complaisait dans une éternelle gueule de bois. Sa sœur a été internée. Sa mère est en train de craquer. Et ses amis la tirent vers le bas. Sauf Thalès, le type le plus sain qu’elle ait jamais rencontré. Thalès donne envie à Ottila de devenir meilleure. Alors elle décide de faire un doigt à son «contexte» pourri et vole Le Petit Livre du bonheur à la bibliothèque. Puis elle entreprend de le scrapbooker sauvagement : mails, SMS, transcriptions de séances de thérapie, dessins… tout y passe.
La forme de ce récit est pour le moins originale ! Pour l’aider dans sa quête du bonheur, Otilla va dérober un livre de développement personnel et s’en servir comme support au jour le jour. À la façon d’un livre de scrapbooking, elle y déverse des extraits de son journal intime, des croquis, la retranscription de ses séances chez le thérapeute, des sms, des mails ou bien encore des lettres. Bref, tout ce qu’elle trouve inspirant. On y trouvera aussi des mantras, des citations et des to-do listes : en résumé, un joyeux foutoir, qui se lit facilement et qui donne envie d’avancer et de connaître la suite.
Malheureusement, l’énergie positive s’arrête là. Il est en effet extrêmement difficile de s’attacher au personnage principal. Otilla est souvent agaçante, et malgré ses bonnes résolutions, fait preuve de peu d’initiatives. Elle se laisse porter par les rencontres bénéfiques qu’elle fait. Il y a certes quelques répliques bien punchy, mais la plupart du temps, Otilla reste passive et assez énervante à se complaire dans sa situation. N’en déplaise à la quatrième de couverture, cette lecture ne vous arrachera que quelques maigres sourires, et certainement pas les éclats de rire promis (ni les larmes d’ailleurs). Attention également à l’histoire qui joue plus d’une fois avec la limite de la vulgarité, sous couvert de vraisemblance, et c’est bien dommage : nul besoin d’être trash pour donner vie à un personnage entier et crédible. Ce roman n’est donc ni tout à fait feel-good, ni tout à fait orienté développement personnel (et à vrai dire, ni même un vrai mélange des deux), mais il nous offre le récit du quotidien difficile d’une jeune femme pour le moins atypique.
Par contre, ce roman a le mérite de traiter un thème important : l’alcoolisme et les addictions. Sans jamais chercher à plomber l’ambiance, et avec une relative légèreté, l’auteure réussit le tour de force de nous présenter le quotidien d’une alcoolique repentie. On y découvre les tentations au quotidien, cette impression d’être toujours sur le fil du rasoir, l’importance de l’entourage, les rechutes aussi… L’auteure aborde également la problématique de l’autisme, du deuil et de la dépression, qui font partie de ses sujets de prédilection d’après la courte description au début du livre.
En conclusion, nous avons là un livre original avec une construction narrative intéressante et des thèmes universels. Mais peu importe ce que vous cherchiez, roman feel-good ou livre de développement personnel, il y aura sans doute d’autres titres qui sauront plus vous toucher. On pense notamment, au rayon feel-good, aux livres de Virginie Grimaldi et Jojo Moyes, ou dernièrement dans la catégorie développement personnel, à Comment devenir la mégaboss de ta super vie.
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