Burn : dragons et prophéties dans l’Amérique des fifties !

Burn / Patrick Ness / PKJ

ROMAN ADO — Burn, un roman de dragons signé Patrick Ness, est un livre étonnant à bien des égards : en présentant une réalité où les hommes ont toujours cohabité avec les dragons, où ceux-ci parlent et peuvent même travailler pour les humains, Patrick Ness précipite le lecteur dans un univers à la fois étrangement familier et pourtant bien différent, avec une mythologie et un passif qui lui sont propres. C’est un monde dans lequel Gareth Dewhurst, un fermier pauvre de l’état de Washington, dans l’Amérique d’Eisenhower, peut embaucher un dragon pour défricher ses champs, et que ce choix surprenant de journalier ne choque que parce que le dragon en question a la réputation d’être russe en pleine guerre froide…

Sarah, sa fille, a toujours connu cette réalité. Mais c’est la première fois qu’elle a l’occasion de côtoyer une « griffe » de près. Cela aurait pu rester sans conséquence, mais le dragon, prénommé Kazimir, lui parle bien rapidement d’une étrange prophétie la concernant…

Burn se compose de deux parties distinctes : la première est un peu poussive, on se demande un peu où l’auteur veut nous mener, on a un peu de mal à rentrer dans le récit. Mais en deuxième partie, tout s’éclaire et le lecteur est vivement happé par l’intrigue. Impossible de reposer alors le roman, tant celui-ci se fait addictif. Dans cette deuxième partie, l’auteur joue à fond la carte de l’étrangeté et de l’originalité : dragons, magie, prophétie, mondes parallèles, divinités… C’est un véritable feu d’artifice ! Les personnages gagnent en supplément d’âme, un bonus non négligeable.

Au delà de son aspect fantastique, ce roman nous plonge dans l’Amérique des années 50, avec son racisme et son homophobie ordinaires particulièrement nauséabonds. L’héroïne est afro-américaine, son petit ami est d’origine japonaise et a vécu de plein fouet la profonde défiance des USA envers les Japonais pendant la deuxième guerre mondiale (ça lui aura coûté la vie de sa mère !), Nelson a été jeté de chez lui par ses parents qui ne supportaient pas que leur fils soit gay… Patrick Ness fait le portrait d’une Amérique rétrograde, pas très belle à voir, incarnée par l’agent Kelby, qui montre à lui tout seul ce que l’alliance de la stupidité et du pouvoir peut engendrer.

Au milieu de tout ce maelstrom de dragons et de légendes, de discriminations en tout genre, émerge la personnalité de la petite Grace, second rôle finalement pas si secondaire, enfant terriblement attachante, de part son esprit vif, et sa relation absolument adorable avec son papa, agent du FBI.

Burn est à tout point de vue un roman étonnant, et original : ça fait du bien d’être surpris de temps en temps !

Burn, Patrick Ness. PKJ, 2020. Traduit de l’anglais par Eva Grynszpan.

Burn, Patrick Ness

A propos Emily Costecalde 1154 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

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