DOSSIER — Noël approche et vous manquez encore d’idées cadeaux ! Le trio de rédactrices bouquins de Café Powell s’est penché sur la question et vous livre ses recommandations de dernière minute !
En cette période très particulière on en profite pour vous rappeler que, prix unique du livre oblige, les livres neufs sont au même prix sur Amazon, à la FNAC ou dans votre librairie de quartier. Avec des sites comme Leslibraires.fr, vous pouvez vous faire livrer vos livres chez vous pour seulement 1 centime : plus aucune excuse pour ne pas acheter en librairie indépendante !
Pour la (grand)mère qui a besoin de douceur dans ce monde de brutes :
Virginie Grimaldi ! Il existe deux catégories de personnes : celles qui adorent et celles qui ne connaissent pas encore… Et on exagère à peine ! Alors si vous cherchez un bon roman feel-good à offrir à votre (grand)maman pour Noël (et si elle ne connaît pas déjà cette autrice), vous pouvez y aller les yeux fermés. Elle a cette qualité rare d’être réconfortante sans rien sacrifier à la justesse et à la complexité de la vie. Parfait pour la fin 2020 en somme ! Son dernier roman Et que ne durent que les moments doux nous raconte l’histoire de deux femmes. L’une vient de donner naissance à une petite fille arrivée trop tôt. L’autre vient de voir ses grands enfants quitter le nid. L’une doit apprendre à être mère à temps plein, l’autre doit apprendre à être mère à la retraite. Nulle doute que ça parlera à votre (grand)maman, non ? Car c’est finalement une histoire universelle : des rencontres, des émotions, des joies et des angoisses. Normalement, pas besoin de beaucoup plus d’arguments pour vous convaincre, si ?
Et que ne durent que les moments doux, Virginie Grimaldi. Fayard, juin 2020. Recommandé par Coralie.
Pour le père qui lit d’ordinaire des polars mais que l’on veut convertir à la fantasy :
Alors là mes amis, c’est tout simplement une anecdote personnelle. Quand j’étais ado, chaque été, je prenais en vacances de nombreux romans : pour moi, bien sûr, mais je prévoyais aussi une sélection de polars pour mon paternel. Une année, je lui ai fait découvrir Patricia Cornwell, une année Elizabeth George… Un été, je me suis dit que j’allais le convertir à la fantasy avec ce que je tenais (et que je tiens encore mordicus) pour la meilleure série du genre : L’Assassin Royal. Il était sceptique, je le voyais, et il n’a commencé le premier tome que la veille du départ. Le lendemain, à chaque aire d’autoroute, en guise de pause, il dévorait allègrement son bouquin. Il a lu les 13 bouquins alors parus.
L’Assassin royal, j’en ai parlé en long, en large et en travers ici, mais je vous le redis ici : c’est de la bombe, bébé. C’est intense, c’est tragique, c’est dense, c’est bien écrit, les personnages sont incroyables. Foncez et achetez-le aussi pour vous.
L’Assassin royal, Robin Hobb. J’ai lu, 2005. Traduit par Arnaud Mounier-Lompré. Recommandé par Emily.
Pour le grand-père qui aime méditer sur sa vie :
À l’époque de ma lecture, j’ai eu un énorme coup de cœur pour Replay, le roman de Ken Grimwood : le personnage principal meurt. Et se réveille tout jeune homme avec l’incroyable chance de revivre sa vie avec le recul de l’âge, et l’expérience des années. A la fin de cette deuxième vie, il meurt. Et se réveille de nouveau jeune homme, mais un peu plus tard que la première fois. Le personnage tente plein de choses, y compris une vie de milliardaire (le syndrome “Almanach des sports”). C’est un livre très fort qui fait cogiter, qui est empreint de nostalgie, et qui ne peut laisser indifférent… surtout quand on a l’âge de faire un bilan sur sa propre vie.
Replay, Ken Grimwood. Points, 1997. Recommandé par Emily.
Pour l’oncle qui aime bien se faire flipper :
Le répertoire de Stephen King est vaste, et les livres qu’il a écrit qui font peur sont nombreux. Parmi tous ceux-là, j’ai écarté Ça (trop connu), Simetierre (trop traumatisant) et Salem (malgré son insolente maîtrise) au profit de Christine. Alias le livre qui vous donnera envie de rester piéton. Christine, c’est l’histoire d’un ado qui retape une vieille guimbarde. Rien d’exceptionnel jusque là, mais la voiture est hantée, et plutôt susceptible. Elle tombe amoureuse de son propriétaire… Pour le conserver rien qu’à elle, elle est prête à tout. Mon dieu, mais quelle horreur ces scènes avec cette voiture maléfique qui vous course, qui défonce les murs, avec ses phares impitoyables et sa calandre tâchée de sang… On lit ce roman en apnée, et indéniablement, on frissonne dès qu’on entend rugir des pneus…
Christine, Stephen King. Le livre de poche, 2001. Recommandé par Emily.
Pour la tante qui bosse en bibliothèque et qui a déjà tout lu :
Bon OK : si elle a vraiment tout lu, peut-être qu’elle connaît déjà cette série réservée aux bibliophiles, mais si ce n’est pas le cas, vous êtes absolument sûrs de taper juste. L’Affaire Jane Eyre (et les tomes qui suivent) c’est tout simplement LA série de bouquins extrêmement jubilatoires pour tout grand lecteur. L’héroïne, Thursday Next, est une sorte de détective littéraire. Elle vit dans un monde légèrement différent du nôtre, et peut voyager dans les livres. Dans le premier tome, elle enquête ainsi sur la disparition de Jane Eyre. Puisque Jane Eyre est la narratrice de son roman éponyme, celui-ci se réduit à peau de chagrin et Mr Rochester est tout désœuvré… Ce qu’on aime avec la série de Jasper Fforde : c’est à la fois bourré de références littéraire, d’humour, et mieux encore : d’humour littéraire. À une réunion de personnages, l’un de ceux qui attendent que ça commence dit à son voisin : “mais qui diable attend-on encore ?” “Bah Godot pardi !” lui répond son ami. Voilà, c’est une bonne illustration de cet univers absurde et hautement littéraire.
L’Affaire Jane Eyre, Jasper Fforde. 10/18, 2005. Recommandé par Emily.
Pour l’ado férue de BD :
Elle a déjà tout lu ? Tapez donc dans les nouveautés les plus fraîches avec le tome 1 de la série Spirite, scénarisée et illustrée par Mara !
Dans le New York des années 1930, Ian Davenport, timide jeune chercheur en spiritologie qui traque mais surtout étudie les fantômes, voit son mentor et ami Boris Voynich se faire assassiner sous ses yeux dans des circonstances étranges. Il se retrouve alors propulsé dans une sombre histoire de meurtres inexpliqués qui semblent ne cibler que ses confrères spiritologues, des scientifiques incompris et injustement raillés par le public. Comme de juste, la police le jette dehors, et Ian est fort désemparé. Pour ne rien vous cacher, sa (seule) alliée s’appelle Nell Lovelace, et il s’agit d’une journaliste au caractère bien trempé. Et particulièrement sceptique quant à l’existence des fantômes. Bon an mal an, les voilà tous les deux lancés sur l’enquête…
Bon évidemment, si la bibliothèque des destinataires croule déjà sous les BD, celle-ci ne va sans doute pas arranger vos affaires. Car on a là un excellent début de série !
Les dessins, déjà, sont magnifiques et font revivre un New York des années 30 hyper crédible. L’histoire est narrée, montée, à la façon d’un film d’animation, ce qui la rend extrêmement prenante. D’autant que l’autrice distille les indices sur son univers, les révélations sur les personnages et sur l’enquête avec une grande régularité, ce qui contribue à rendre le tout très prenant. On apprécie donc hautement le côté très introductif de ce premier tome, couplé à une véritable aventure… dont la fin laisse sur des charbons ardents. Préparez-vous donc à ce qu’on vous réclame rapidement la suite !
Spirite, tome 1 : Tunguska, Mara. Drakoo, 2020. Recommandé par Oihana.
Pour l’ado bis qu’on ne décolle plus de sa bibliothèque :
Excellente série dystopique à destination des ados, mais qu’on peut lire en réalité à tout âge, Les Fragmentés dépeint un monde dans lequel l’avortement est interdit sous la forme que l’on connaît actuellement, mais où une variante qui fait froid dans le dos a été mise en place : si vous en avez marre de votre ado, vous pouvez le fragmenter. Dans ce monde où la greffe d’organe a atteint un taux de réussite de 100%, vous pouvez donner votre ado au don : ainsi il continuera à vivre… sous forme divisée. Vous avez compris ? Ça fait froid dans le dos. On suite trois ados promis à la fragmentation : un adolescent turbulent dont les parents se sont laissés convaincre qu’il n’y avait pas d’autre alternative pour lui, une pupille de l’état que celui-ci ne peut plus entretenir et un ado issu d’une secte qu’on va sacrifier au nom d’un idéal religieux. Bon, on ne va pas tourner autour du pot : il s’agit-là (et Oihana sera sûrement d’accord) d’une des meilleures séries jeunesse dystopiques qui existent. C’est bien écrit, ça vous fait vivre tout un tas de sentiments, ça fait réfléchir, c’est plein de suspense et d’action, il y a tout ce qu’il faut là où il faut, et bref, je vous laisse, je vais de ce pas le relire…
Les Fragmentés, Neal Shusterman. Le Masque, 2013. Recommandé par Emily.
Pour les pitchouns :
Vous avez peut-être glissé dans les chaussettes d’un jeune lecteur ou d’une jeune lectrice, l’année dernière, L’Écrivain abominable d’Anne-Gaëlle Balpe, illustré par Ronan Badel. Eh bien sachez que le duo a remis le couvert avec une autre aventure déjantée : L’Épouvantable bibliothécaire.
Suzanne, onze ans, grande lectrice, est dépitée d’apprendre qu’elle passera ses vacances chez sa tante, à la campagne, et qu’elle n’a droit qu’à un seul livre ! Heureusement, sur place, il y a une bibliothèque. Malheureusement, il y a aussi une bibliothécaire, qui n’est rien d’autre qu’une vieille sorcière acariâtre, et ce au sens le plus littéral du terme.
Au menu de ce court roman jeunesse : des péripéties endiablées, une aventure menée tambour battant, de l’humour, des chapitres documentaires bonus aussi drôles que documentés et de magnifiques illustrations ! L’Épouvantable bibliothécaire, Anne-Gaëlle Balpe. Ill. de Ronan Badel. Sarbacane (Pépix), février 2020. Recommandé par Oihana.
Pour le cousin un peu geek :
Il a dévoré Le Seigneur des Anneaux, il a lu le Silmarillion et il est capable de vous souhaiter votre anniversaire en elfique ! Mais votre cousin adoré connaît-il l’existence des Lettres du Père Noëlde notre cher JRR Tolkien ? Pas sûr ; vous tenez là une chance de l’impressionner ! Connu pour sa Terre du milieu et sa carrière universitaire, on oublie trop souvent que Tolkien fut aussi un incroyable conteur, notamment pour ses enfants. Entre 1920 et 1943, il leur a écrit une à deux lettres par an, prétendument envoyées du pôle Nord par le Père Noël, à qui il arrive toujours de folles aventures et qui glisse dans ses enveloppes de magnifiques illustrations. Ces histoires plairont aux enfants avides de la magie des fêtes de fin d’année, et elles surprendront les amoureux de Tolkien, qui trouveront cette initiative follement touchante. Alors on choisit une belle édition illustrée et pourquoi pas en version originale. Si avec ça votre cousin n’est pas ému, on en mangera notre chapeau (de magicien) !
Lettres du Père Noël, J.R.R. Tolkien. Traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Gérard-Georges Lemoine. Pocket, décembre 2014. Recommandé par Coralie.
Pour le p’tit bout qui demande “encore une histoire s’il te plait, après c’est fini, mais encore une !” :
Ah, on le connait l’enfant de presque 3 ans qui, malin, a repéré que demander une histoire de plus retardait l’heure du coucher ! En voici une qui est courte à lire, et qui en plus, plaît beaucoup à notre spécimen à la maison : C’est moi le plus beau de Mario Ramos. Un loup endimanché se balade dans les bois et croise toutes ses proies naturelles : les 3 p’tits cochons, le petit chaperon rouge, Blanche-Neige… À chaque fois, il se gargarise de son élégance et leur demande tel à un miroir complaisant : qui est le plus beau ? Probablement effrayés, ses interlocuteurs répondent que c’est lui, bien sûr. Jusqu’au moment où l’élégant canidé tombe sur un os… Pourquoi on aime ? Parce que les dialogues sont drôles et sonnent justes (ils sont de surcroît bourrés de nouveaux mots, c’est idéal à l’âge où nos marmots apprennent notre belle langue), parce que l’enfant aime chercher l’oiseau caché dans les branches au fil des pages, et parce que la chute est totalement réussie !
C’est moi le plus beau, Mario Ramos. Ecole des loisirs, 2007. Recommandé par Emily.
Pour les bébés nés dans l’année :
Encore un livre testé et approuvé par nos soins ! Enfin, ceux du bébé qui l’a reçu… Et il s’agit d’un imagier sonore : Mes musiques du monde. Alors on vous voit venir : “Mais qui offre quelque chose de bruyant à un bébé ? Est-ce qu’on ne pense pas un peu aux parents ?”. Oui oui oui, pas de soucis ! Déjà, il y a un interrupteur pour allumer et éteindre le son au cas où l’une des mélodies ne devienne trop entêtante. Mais, en toute objectivité, les musiques sont assez courtes et plutôt réussies. Libre à vous, ensuite, d’avoir la curiosité d’exploiter les versions longues qu’on peut trouver sur internet. Avec ce livre, bébé va donc pouvoir découvrir six destinations exotiques et s’éveiller en douceur à leur culture. Outre le Mexique, direction le Pérou, la Grèce, le Japon, le Sénégal et la Polynésie: une jolie invitation au voyage pour globe-trotteur en couche culotte. En musique et en images, s’il vous plaît, à travers des illustrations soignées et très mignonnes ! Approuvé dès 4-5 mois avec ses parents, le succès ne se dément toujours pas, même plusieurs mois après ! Point bonus, le livre —en carton — résiste plutôt bien à la bave de bébé, qui tentera sans aucun doute de goûter ses coins. Et si votre petit bout est sensible à la musique, il y a plein d’autres titres déjà disponibles pour combler son âme de mélomane !
Mes musiques du monde, illustré par Marion Billet. Gallimard jeunesse, septembre 2015. Recommandé par Coralie.
Lectrice assidue depuis son plus jeune âge, Oihana apprécie autant de plonger dans un univers romanesque, que les longues balades au soleil. Après des études littéraires, elle est revenue vers ses premières amours, et se destine aux métiers du livre.
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