FANTASY JEUNESSE — Michelle Harrison est une autrice britannique qui a beaucoup publié pour la jeunesse, et presque toujours de la fantasy. Sa série autour des sœurs Widdershins arrive en France avec le premier tome : Une pincée de magie !
Chez les Widdershins, on compte trois sœurs : Fliss, l’aînée, sage et pondérée. Charlie, la petite dernière, espiègle et à la frimousse adorable. Et au milieu, il y a Betty, qui ne rêve que d’aventures et de voyages. Pourtant, elle n’a jamais quitté la petite île brumeuse de Crowstone où les trois sœurs vivent avec leur grand-mère, Bunny. Donc, en cette soirée d’Halloween, c’est décidé : Betty part à l’aventure. Oh, pas loin, dans un premier temps, juste sur le continent, séparé de Crowstone par un petit bras de mer.
Elle est loin de se douter qu’une terrible malédiction pèse sur les femmes de sa famille… condamnées à rester à Crowstone à tout jamais, sous peine de mourir dans les 24 heures. Heureusement, avec une pincée de magie et deux sœurs aussi fantastiques qu’agaçantes, rien n’est impossible !
Voilà le début d’une série de fantasy destinée aux préadolescents dont a hâte d’avoir des nouvelles ! Si le synopsis peut sembler assez classique (une malédiction à briser, une sorcellerie peu répandue dans la population), l’autrice a tout misé sur son univers et ses personnages. Et cela fonctionne !
L’intrigue se déroule dans une ambiance plutôt morose : tout débute fin octobre, à Halloween. Comme il se doit, l’île est entourée de brume opaque. Pour ne rien arranger, le point le plus intéressant de l’île est… sa prison. Un établissement de haute sécurité, dominé par un sinistre donjon. Les sœurs Widdershins la connaissent bien… puisque leur père y est enfermé. C’est dans ces conditions que les jeunes filles découvrent l’existence de la magie qui se transmet dans leur famille… en même temps que la malédiction.
Mais ce qui est original, ici, c’est la forme que prend cette magie : elle n’est pas répandue dans la population, les Widdershins sont les seules à en disposer. Et surtout, elle est très particulière, puisqu’elle réside dans trois objets, chacun avec un pouvoir spécifique, chacun destiné à une des filles : il y a le sac qui permet de voyager où l’on veut instantanément, le miroir qui permet de voir ou de discuter à distance et les matriochkas qui permettent de devenir invisible.
Le roman, par ailleurs, est construit autour de deux récits enchâssés : l’histoire des sœurs Widdershins, bien sûr, et de leur quête visant à briser la malédiction. Le second est l’histoire de Sorsha, LA sorcière qui a été enfermée dans la prison des siècles auparavant, et dont le destin semble inextricablement lié à celui des trois frangines. Les deux récits sont menés à la première personne, mais suffisamment identifiés pour ne pas que l’on se perde entre les narrateurs. L’alternance entre les deux histoires fait peu à peu monter la tension et ne tarde pas à ferrer le lecteur !
Autre point appréciable : la complicité entre les trois protagonistes et leurs petites attentions les unes pour les autres. Même si Betty ne peut s’empêcher de jalouser sa sœur aînée (qui a beaucoup de succès avec la gent masculine), et d’être agacée par l’exubérance de la petite dernière, elle n’hésite pas à se mettre en danger de mort pour essayer de les tirer du mauvais pas dans lequel elles se sont fourrées.
Ce premier tome dispose d’une fin tout à fait satisfaisante et qui n’appelle pas à une suite. Deux autres tomes sont néanmoins déjà disponibles en version originale, et on espère vivement retrouver les sœurs Widdershins dans un avenir proche !
Une pincée de magie, tome 1, Michelle Harrison. Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Elsa Whyte. Seuil jeunesse, 8 janvier 2021.
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