An 846. La mort de Charlemagne a laissé un empire à l’agonie où le pouvoir de Rome ne tient plus qu’au prestige d’un trône. Au cœur d’une curie rongée par les complots, le pape Serge II refuse pourtant de voir périr l’œuvre de Dieu. Alors que les barbares assiègent la cité, il conclut un pacte avec d’obscurs émissaires et s’engage à protéger un ordre d’élus appelés à restaurer la foi d’ici plusieurs centaines d’années.
Presque trois siècles plus tard, les premières communautés cathares voient le jour en Languedoc. Ces Parfaits — comme ils se nomment eux-mêmes — redonnent espoir en la parole sacrée et le pays entier, saisi par la ferveur, se détourne bientôt des églises. Mais à l’ombre des pouvoirs, des voix appellent déjà au sang et les affrontements sur fond de religion commencent.
Alors c’est pour qui ? Même si ces chroniques express sont centrées sur la fantasy, on le conseillera plutôt aux lecteurs férus d’Histoire, qui aiment explorer les autres époques. Car la pointe de fantasy est subtile et s’accorde plutôt bien avec l’aspect récit historique, pour peu qu’on ne soit pas trop à cheval sur les sources (même si on apprécie la présence d’une bibliographie à la fin) ! Cet ouvrage vous fera voyager à travers toute l’Occitanie (avec quelques incursions vers Rome), à la poursuite d’une multitude de personnages connus, parmi lesquels des chevaliers, des religieux ou bien encore de nobles seigneurs.
Cathares, 1198 d’Olivier Taveau. Bragelonne, juin 2021.
Caterina — Cat pour les intimes — est la fille d’un ange de catégorie inférieure. Le jour où son père est assassiné en Pologne, Cat n’a pas le moindre doute : son père a été tué par une épée démoniaque. Elle se fait alors une promesse : le venger. Elle veut à tout prix retrouver le meurtrier et lui rendre la monnaie de sa pièce. Mais comment faire pour remonter jusqu’aux meurtriers, lorsque l’on n’est qu’une humaine ? Lors de son enquête, elle croise le bel Angelo, démon de son état. Mais à qui faire confiance : au démon qui lui tend la main ou à l’ange guerrier qui méprise ses projets ?
Petit bémol ? Un style un peu particulier : car l’autrice a choisi de donner un ton relativement immature à son héroïne (qui n’a que 16 ans, cela fait quand même sens). Malheureusement, la première partie du roman est à l’image de son héroïne : c’est plutôt plat et la mise en place de l’intrigue n’est guère subtile. Il en résulte quelques clichés sur les personnages et une certaine lenteur en début de livre. Heureusement, un retournement de situation inattendu vient sauver le roman et relancer l’histoire sur de bonnes bases.
Alors c’est pour qui ? Pour les amateurs d’urban fantasy qui veulent découvrir la vérité sur la guerre qui oppose les démons et les anges depuis l’éternité ! La mythologie est intéressante et bien construite et l’enquête se révèle malgré tout prenante et pleine de rebondissements, ce qui permet de relancer la lecture sur de bonnes bases ! Un one-shot divertissant pour les amateurs de créatures ailées qui saura vous faire voyager dans les principales villes d’Europe, à la poursuite du secret de la Création. On aime aussi la réflexion sur notre planète qui se dégage de cette aventure.
Deux cierges pour le diable de Laura Gallego. Traduit de l’espagnol par Faustina Fiore et traduction révisée par Elise Flores. ActuSF (Naos), réédition juillet 2021.
Tous les trente ans, une éclipse ravage le monde : pendant une minute, les ténèbres infectent les terres d’Astravia, empoisonnent les vivants et les transforment en monstres. Mais elles accordent aussi aux nouveau-nés des pouvoirs quasi-divins qui permettent de lutter contre ce phénomène. On les appelle les Éclipsiens, et Livianne Palumbre est de ceux-là. Son pouvoir lui permet d’écouter les ombres. Formée à l’académie de Peine-Ombre comme tous les Éclipsiens, elle s’occupe aujourd’hui de défendre les baronnies locales. Un jour, lors d’une banale chasse aux miasmes, l’Éclipse s’abat sur Astravia avec une décennie d’avance. Cette fois, l’obscurité submerge le monde durant trois minutes au lieu d’une seule… Le phénomène s’accélère ! À ce rythme-là, c’est Astravia tout entière qui va disparaître si l’on ne fait rien. Livianne devra sortir de sa solitude et retrouver d’anciens camarades de Peine-Ombre pour essayer de mettre fin à ce carnage. Mais il se pourrait que les ombres les dévorent avant…
Alors c’est pour qui ? Ceux qui cherchent un one-shot d’imaginaire français de qualité. Comme toujours avec Ariel Holzl, l’univers est bien construit, complexe et complet. L’atmosphère est sombre (on ne se refait pas !), sans jamais complètement verser dans l’horreur. Pour ceux qui connaissent l’auteur, sa plume est toujours aussi fluide et prenante : mais pour cette fois, ne soyez pas surpris, on ne retrouve pas forcément les touches d’humour de ses autres romans. Les personnages sont attachants et crédibles et les intrigues passionnantes. Bref, si vous croisez sa route, foncez !
Peine-ombre, par Ariel Holzl. 404 éditions, mai 2021.
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