FANTASY — On vous a parlé il y a peu du remarquable – et remarqué ! – premier tome du Cycle de Syffe. L’été fut l’occasion d’engloutir le second tome, La Peste et la Vigne (et ce afin d’être prêtes pour la parution du troisième, début septembre).
Après sa capture et la mort d’Uldrick, Syffe a été réduit en esclavage. Il s’échine dans des mines, marqué au visage par les Carmides, comme tous les esclaves. Une épidémie de peste frappe justement la région et fait des ravages parmi les détenus, comme parmi les geôliers. Syffe, miraculeusement épargné, parvient à s’enfuir, en n’ayant qu’une seule idée en tête : retrouver Brindille, son amie d’enfance, retenue chez les Feuillus. Pour se faire, une seule solution : se lancer dans un périlleux voyage à travers les Primautés de Brune, déchirées par une guerre civile.
On retrouve ici le même système narratif que dans le premier tome : le récit est assuré par Syffe, des années a posteriori, et découpé en plusieurs grandes parties, elles-mêmes entrecoupées de cartes, d’extraits de textes ou de chroniques. Chaque partie correspond à un lieu, une rencontre, presque un nouveau mode de vie. Mais alors que, dans le premier volet, chaque rencontre que faisait Syffe était significative et marquait un nouveau pas dans sa formation, ici il semble faire attention à ne se lier avec personne, et à rester en marge de la société dans laquelle il évolue.
La question de la spiritualité, déjà bien présente dans le premier tome, revient ici avec force : au fil de ses rencontres, Syffe est confronté à différentes spiritualités, et à différentes formes de divins – ce qui est assez ironique, vu son incroyance générale. A la spiritualité vient se mêler, surtout vers la fin, un peu de magie, mais qui est loin, très loin d’enchanter cet univers toujours aussi sombre ! En effet, la guerre n’est jamais loin et, après avoir combattu aux côtés des Vars, Syffe se retrouve dans une troupe de mercenaires.
De fait, le récit alterne entre chapitres bourrés d’action et de danger, et des chapitres en apparence plus calmes… mais néanmoins bourrés de suspense. Ce qui rend ce deuxième tome particulièrement palpitant ! D’autant que Syffe se retrouve, à nouveau, au cœur des grands changements de la société dans laquelle il évolue. Encore une fois, la politique se déroule hors de notre vue, mais on en voit les conséquences directes dans ce que traverse Syffe, et c’est bien ce qui rend le récit si passionnant.
A nouveau, l’auteur fait preuve d’un incroyable talent de conteur. Aussi à l’aise dans la peinture de paysages – tantôt grandioses, tantôt lugubres – que dans celle des tourments intérieurs de ses personnages, il nous embarque dès les premières pages. Et c’est encore plus vrai dans la seconde partie, qui semble cristalliser tous les fils de l’intrigue jusque-là tissés. A ce titre, la fin, épique à souhait, laisse sur des charbons ardents et donne irrépressiblement envie de lire la suite !
La Peste et la Vigne, Le Cycle de Syffe tome 2, Patrick K. Dewdney. Folio SF, réédition 9 septembre 2021.
Par Coralie et Oihana.
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