C’est avec grand plaisir que nous retrouvons l’inspecteur Korolev, milicien du Moscou des années 30, dans une nouvelle enquête dans l’URSS de Staline. Dans ce nouvel opus, William Ryan plonge son héros dans une affaire compliquée, où Korolev se retrouve pris entre deux feux. Il est difficile de mener l’enquête en satisfaisant tout le monde !
Quand s’ouvre le roman, Korolev est ravi : il s’apprête à recevoir son fils, qu’il n’a pas vu depuis longtemps, et qui va passer une semaine avec lui. Pour l’occasion, Korolev a même pris une semaine de vacances. Mais celles-ci vont vite tourner court quand le professeur Azarov est retrouvé assassiné chez lui. Scientifique haut placé, son meurtre fait désordre et dérange les mauvaises personnes. Rapidement, Korolev se retrouve aux prises avec la terrible sécurité d’état, ce fameux NKVD qui peut vous envoyer au goulag d’un claquement de doigts. Pris entre deux gradés qui attendent de lui des choses contraires, Korolev doit en plus compter avec la disparition de son fils… L’été à Moscou n’est décidément pas de tout repos !
Dans Les Enfants de l’état, le lecteur retrouve tout ce qui lui avait déjà plu dans les romans précédents (Le Royaume des voleurs et Film noir à Odessa) : un contexte historique bien brossé et un environnement réaliste, un inspecteur bourru et intègre et une enquête bien ficelée. Même si vous n’êtes pas forcément amateurs de polars, Les Enfants de l’état peut vous plaire par sa puissance d’évocation historique : le Moscou de 1936 se révèle au fil des pages, des vieux bâtiments dynamités pour faire émerger la Russie de Staline, aux bâtiments officiels célèbres, comme la Loubianka. William Ryan retranscrit particulièrement le climat de terreur qui régnait alors : les arrestations fréquentes, dont plus personne ne s’étonnait vraiment, la nécessité de dissimuler tout ce qui pourrait être considéré comme « non-socialiste » comme la religion ou une critique de la politique stalinienne, la peur d’une condamnation arbitraire…Même Korolev, flic quadragénaire reconnu pour son travail et son efficacité, n’est pas à l’abri d’une dénonciation et d’un emprisonnement. Chez le NKVD, on tape d’abord, puis on pose les questions ensuite… Korolev n’échappera pas à quelques coups.
William Ryan produit une nouvelle fois un roman très réussi, et son personnage, Korolev, s’étoffe encore davantage. Nous sommes conquis !
Les Enfants de l’état, William Ryan. éditions des 2 terres, mars 2014.
Je n’ai jamais rien lu de cet auteur, il faut dire que c’est une maison d’édition que je ne suis pas beaucoup…
C’est un auteur que j’ai découvert à peu près en même temps que Philip Kerr et son flic berlinois. La passerelle me semblait intéressante.