L’équipe de Cultura ne s’y est pas trompée : en intégrant La Fractale des raviolis dans leur sélection « Talents 2014 », ils ont indéniablement choisi un roman enthousiasmant et original. Délicieux, oseront-nous même dire.
Un titre énigmatique pour un roman peu conventionnel : avec sa Fractale des raviolis, Pierre Raufast nous entraîne pour notre plus grand plaisir dans plusieurs récits qui s’emboîtent comme des poupées russes. Au moment où on ne s’y attend pas, le roman bifurque et nous emmène voir ailleurs : la quatrième de couverture ne ment pas, il s’agit bel et bien d’une « véritable pochette surprise » et, à l’heure des histoires convenues dont on voit la fin à trois kilomètres, c’est des plus rafraîchissants. Malgré ces nombreuses petites histoires quasiment indépendantes, le roman conserve une unité remarquable, empruntant aux nouvelles leurs nombreuses possibilités romanesques tout en conservant le lien nécessaire au roman.
Le roman s’ouvre sur les fameux raviolis, empoisonnés s’il vous plait. La narratrice ne supporte plus l’homme qu’elle a épousé, et ses incartades : elle projette donc le crime parfait, celui qui la débarrassera du malotru sans pour autant l’envoyer en prison. « Je suis désolé, ma chérie, je l’ai sautée par inadvertance. », tels sont les premiers mots : ils attirent l’attention du lecteur, le plongent au cœur du récit, sans tergiverser. Ce midi-là, les raviolis seront fatals. Sauf qu’un imprévu perturbe le plan machiavélique de l’épouse : il lui faut penser vite, et bien. Une situation qui lui rappelle une mésaventure vécue quand elle était étudiante. Et hop, nous faisons un bon dans le temps, et le récit prend une nouvelle tournure, pour la toute première fois. Le procédé devient récurrent, mais ne lasse jamais. Nous voyageons, découvrons de nouvelles micro-histoires toutes plus passionnantes les unes que les autres, de la découverte du syndrome Sheridan aux méthodes pour éliminer les rats-taupes, en passant par l’histoire d’une canaille des bas-fonds de Marseille lors de l’épidémie de peste de 1720. On ne s’ennuie par une seule seconde : la curiosité l’emporte sur la frustration de quitter une histoire entamée, et on rentre dans la suivante avec enthousiasme. Et cela, c’est probablement la plus belle réussite de cette petite perle : nous tenir en haleine du début à la fin. C’est un récit que l’on a du mal à quitter une fois entamé (hélas, il faut bien aller travailler !), à la technique narrative détonante et peu commune. La prochaine fois que vous irez en librairie, n’oubliez pas les raviolis !
Virtuose, superbement construit… j’ai aimé ce roman délicieusement décalé.
Très envie de le lire !
Je le savais qu’il ne fallait pas que je lise ce billet. Cette narration particulière me tente +++++.
Merci pour ce joli billet !
Cajou
Ah, les tentations de la rentrée 🙂
Merci à toi pour le passage !
Oui, c’est une jolie découverte de cette rentrée !
Merci pour cette belle critique. Et je suis surtout ravi d’avoir pu mettre un visage lundi dernier sur cafe powell !
J’étais également ravi de cette rencontre !