Zombie Ball : un roman frappé !

Paolo Bacigalupi est de retour avec un nouveau roman délicieusement barré, Zombie Ball, dans lequel trois adolescents se dressent contre un abattoir peu scrupuleux qui, dans sa quête de profit, a tout bonnement transformé son cheptel de vaches en…zombies. Car, à force de les mitrailler de médicaments et d’hormones de croissance, nos bons vieux bovidés sont désormais incapables de mourir et sont devenus carnivores. Sympathique, n’est-ce-pas ? Mais attendez, ce n’est pas le pire…

Rabi, Miguel et  Joe sont trois adolescents américains qui ont deux passions dans la vie : le baseball et les comics. Après une partie qui a failli dégénérer, les trois mousquetaires décident d’aller s’entraîner dans un parc à la réputation douteuse, près de l’abattoir de la ville, un parc que chacun évite à cause de l’odeur pestilentielle qui émane des corrals. Ce jour-là, les garçons assistent à une scène peu ordinaire : tandis qu’une odeur encore pire que d’habitude se répand, les ouvriers partent en courant, complètement paniqués. Peu de temps après, l’oncle et la tante de Miguel, des clandestins qui travaillaient à l’abattoir, sont expulsés par l’Immigration : serait-ce parce qu’ils savent quelque chose ? Les dirigeants de abattoir Milrow essaieraient-ils de cacher quelque chose ?

Peu de temps après, Miguel et Rabi font une rencontre particulièrement désagréable : leur entraîneur de base-ball les poursuit, couvert de sang, et en criant « cerveauuuuu ». Nos héros commencent à se douter que quelque chose ne va pas au moment où l’entraîneur essaie tout bonnement de manger Rabi. Normal, en somme.

Roman drôle et complètement loufoque, qui cache pourtant un fond sérieux, Zombie Ball met en scène un trio bien sympathique, mais en prise avec des problèmes qui les dépassent, les zombies mis à part : Miguel a vu l’Immigration lui ôter ses parents, puis son oncle et sa tante. Bien qu’il ait vécu toute sa vie sur le territoire américain et ne parle presque pas espagnol, il pourrait très bien suivre le même chemin, une situation qui paraît terriblement injuste au jeune garçon. Rabi, lui, est d’origine Indienne et vit au quotidien le racisme de ses camarades de classe, qui raillent sa mère en sari ou l’appellent de manière insultante « point rouge » en référence au bindi qui orne le front de sa mère. Quant à Joe, il vit avec un père alcoolique et une mère inconséquente.

Zombie Ball Bacigalupi

Les vaches zombies ne sont finalement qu’un prétexte pour l’auteur pour aborder les dérives de l’industrie alimentaire : car quand on a des vaches zombies, cela donne de la viande zombie… Et quelles sont les conséquences de l’ingestion d’un burger zombie ? Lorsque nos trois jeunes héros explorent Milrow, les images sont terribles : les vaches sont parquées, sans le moindre espace, jusqu’au cou dans leur bouse… Quant à l’épidémie de zombies, c’est bien évidemment une métaphore pour toutes les maladies terribles que peuvent transmettre de la viande contaminée… Comme le dit avec humour la quatrième de couverture, vous allez apprendre « à dégommer du zombie », mais surtout « à manger bio ».

Zombie Ball est un roman complètement frappadingue et vraiment réussi, avec des dialogues d’une vivacité et d’un humour indéniables : on se marre de bout en bout, même quand nos héros vivent des choses vraiment effrayantes et plutôt gores, incluant notamment une tête de vache zombie qui claque des dents d’un air méchant…

Zombie Ball, Paolo Bacigalupi. Au diable vauvert, septembre 2014. Traduit de l’anglais par Sara Doke.

[Rentrée littéraire 2014]

Par Emily Vaquié

A propos Emily Costecalde 1154 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

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