ROMAN JEUNESSE — Une légère appréhension à l’ouverture de ce livre : le premier tome avait su créer la surprise, qu’en sera-t-il de ce second opus ? Ne faisons pas durer le suspens, c’est encore une très belle réussite : des problématiques originales, mais une fois encore cette tendresse et cette bienveillance à l’épreuve de la vie …
Dans le premier tome, nous avions suivi Samantha et Jase, qui, malgré des environnements familiaux diamétralement opposés, avaient fini par tomber profondément amoureux. Les deux adolescents nous avaient alors ouvert les portes de la petite ville de Stony Bay et nous avaient fait découvrir leur monde, la famille nombreuse des Garrett et leurs amis. Parmi eux, Tim, un garçon de 17 ans à la dérive, qui va être au cœur de ce second opus. Après plusieurs années d’errances et d’addictions en tous genres, Tim est mis à la porte de la maison familiale. Il trouve alors refuge chez les Garrett, la famille de son meilleur ami Jase, dans l’appartement au dessus du garage. Cette famille hors du commun, malgré toutes les difficultés auxquelles elle fait face en ce moment, accueille le jeune homme à bras ouverts. Sauf Alice, la soeur aînée de Jase, qui lorgnait sur cet appartement pour pouvoir s’y installer. Mr Garrett est en effet en pleine convalescence suite à un accident, Mme Garrett est enceinte jusqu’au cou de son 9ème enfant et c’est Alice qui tient toute la famille à bout de bras. Difficultés financières, fratrie remuante, … le quotidien fracassant d’une famille nombreuse se rappelle sans cesse à Alice, qui est au bord de l’implosion. La rencontre avec Tim, au tempérament non moins explosif, s’annonce donc pour le moins électrique. D’autant plus que cette dernière tient Tim pour responsable de la perte de son indépendance et ne se gêne pas pour lui faire sentir qu’il n’est qu’un loser.
Souvenez-vous, le premier tome était placé sous le signe de l’été : du sable, du sel et des crèmes glacées. La saison des premières fois. Ni tout à fait similaire, ni diamétralement opposé, ce deuxième livre — plus adulte d’une certaine manière — se place parfaitement dans la continuité du premier, dans cette douce atmosphère d’un été indien qui glisse lentement vers l’automne. Mais attention, pas vers une rentrée scolaire lugubre et sous la pluie. Malgré la difficulté de certaines situations rencontrées, la lumière reste une fois de plus dorée, à l’image de ce qu’il faut retenir de cette histoire. Les températures sont douces et cette ambiance nous amène vers cette saison si particulière, un peu magique, un peu nostalgique. Après le rythme étiolé des vacances (si tant est que le rythme puisse être étiolé dans une famille nombreuse), la rentrée scolaire accélère la dynamique de l’histoire et rend hommage au joyeux fatras de la maison des Garrett.
Tim & Alice, c’est aussi le récit d’un sujet délicat : celui d’un adolescent qui découvre malgré lui la paternité. Toujours avec subtilité et sensibilité, Huntley Fitzpatrick nous dresse le portrait de la rencontre entre Tim et ce tout petit bout d’homme, Calvin. Improbable au premier abord, cela devient rapidement une évidence. Sans jugement, avec beaucoup d’humour, on voit le tour de force que réussit malgré lui le bébé pour ancrer Tim dans la réalité. Sa réalité. Car comme le font remarquer les personnages, on trouve parfois une famille là où on ne l’attendait pas. C’est aussi l’occasion d’observer les réactions de son entourage, et en particulier celles d’Alice, pour qui Tim en pince sérieusement.
Une fois encore l’auteure s’éloigne des clichés des comédies romantiques et nous offre une petite pépite. Un joli rappel sur les erreurs et la rédemption : tout le monde mérite une deuxième chance ! En espérant qu’un troisième tome nous permette un jour de retourner à Stony Bay …
Soyez le premier à commenter