PIRATES — Oh oh oh, a pirate’s life for me ! Aujourd’hui, on vous propose une chronique à thème aquatique avec la lecture de Mers mortes d’Aurélie Wellenstein et de La Carte des Confins de Marie Reppelin : deux titres qui ont de nombreux points communs !
Tout d’abord, bien évidemment : leur efficacité ! Ce sont deux romans que l’on dévore avec grand plaisir. Mais encore ?
En avant, moussaillon !
Dans ces deux roman, le lecteur se retrouve embarqué sur des navires de légende, prêt à voguer sur les flots à l’aventure. Chez Aurélie Wellenstein, on navigue sur un bateau fantôme avec des voiles en peau humaine, des ossements et des âmes accrochées au vaisseau. Chez Marie Reppelin, on est plutôt du genre « petite merveille d’ingénierie », avec eau courante et machine pour rendre potable l’océan. Dans les deux cas, le lecteur se prend d’affection pour un équipage chahuteur, tapageur, potentiellement létal mais sympathique, mené par un capitaine charismatique mais dangereux : Bengale dans Mers mortes, et Blake dans La Carte des Confins. On aime cette ambiance si particulière propre aux vaisseaux pirates, on sent dans les deux cas le goût des embruns et de l’aventure : pas de temps morts, le style est dans les deux cas vif et efficace !
Syndrome de Stockholm, vous dites ?
Oui, un peu, car dans les deux cas, le personnage principal rejoint l’équipage contre son gré, avant de s’y attacher corps et âme. Oural, le personnage principal de Mers mortes, est un exorciste dans un monde ravagé par des marées fantômes, peuplées d’animaux marins revanchards prêts à bouffer de l’humain. Bengale le kidnappe tout bonnement pour protéger son navire (et plus encore, mais on ne va pas tout vous dire !). Le capitaine Blake, lui, enlève Callie car il a besoin d’elle pour mettre la main sur un compas magique, capable de vous montrer la direction de ce que vous souhaitez le plus au monde. Mais tous les deux tombent sous le charme du capitaine pirate qui les enlève. Il faut dire que ces deux personnages sont absolument fascinants : bien loin d’être des enfants de choeur, capables d’être violents et meurtriers, mais absolument charmants quand ils le veulent, nos pirates savent susciter une certaine forme d’adoration. Si l’équipage de Blake le respecte et le suivrait jusqu’au bout du monde, c’est encore plus vrai pour les sbires de Bengale, qui ne parlent de lui qu’avec des étoiles dans les yeux, et une conviction qui frôle la religion. Le basculement d’Oural de la haine pure vers une forme de confiance absolue est traité avec beaucoup de justesse et de subtilité, tandis que la romance entre Callie et Blake se devine dès les premières pages (mais c’est loin d’être déplaisant, et notre coeur de midinette craque totalement pour leur idylle). On peut s’étonner, voire tiquer, sur ces rapprochements (rappelons qu’il y a eu trahisons et menaces de mort à la genèse de ces deux relations), mais rendons-nous à l’évidence : ils servent bien l’intrigue !
Une quête qui dépasse les personnages !
Nos pirates ne sont pas simplement à la recherche d’or et de gloire : ceux d’Aurélie Wellenstein cherchent tout bonnement à sauver le monde. Dans le futur terrifiant que l’autrice nous concocte, notre penchant pour la destruction a provoqué la fin des mers et des océans : sécheresse massive, mort des animaux marins, de nombreuses morts humaines. Bengale est persuadé qu’il détient la clé pour ramener les mers. L’occasion pour Aurélie Wellenstein de délivrer un message efficace et marquant sur l’écologie : nous détruisons bel et bien la planète, et nous sommes effectivement responsables de la pollution des mers, et de ce que ça sous-entend pour la vie animale. Mers mortes fait donc cogiter tout au long de la lecture…
Côté Carte des Confins, on est sur un récit d’aventure plus classique, avec une équipe de marins qui rêvent de gloire et d’or : cap sur les Confins, là où nul ne s’est jamais aventuré (ou alors, personne n’en est revenu). Devenir les explorateurs de cette zone mystérieuse, c’est assurément rentrer dans la légende. Mais les embûches sont nombreuses sur le chemin, et plusieurs adversaires de haute volée se dressent sur le chemin des personnages. Ajoutons à cela de la magie, des sorciers consumés par les ombres et des méchants très méchants : l’intrigue n’est pas sans rappeler, par plusieurs aspects, la trilogie de V. E. Schwab Shades of Magic (et c’est dit comme un compliment).
Si Mers mortes est un tome unique, l’épilogue de La Carte des Confins ne fait aucun doute : il s’agit là d’un premier volume. On embarquera de nouveau avec plaisir aux côtés de l’équipage de L’Avalon. Quant à Aurélie Wellenstein, son nouveau roman, Le Désert des couleurs, il sort justement aujourd’hui !
Chroniqués dans cet article :
- Mers mortes, Aurélie Wellenstein. Pocket, 2021.
- La Carte des Confins, Marie Reppelin. PKJ, 2021.
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