Et le ciel se voila de fureur : Tarantino pour les kids ?

Et le ciel se voila de fureur

ROMAN ADO — Quelque part à la fin des années 70, une journaliste s’assoit pour recueillir le récit d’une vie : non, il ne s’agit pas du début d’Entretien avec un vampire, mais du roman de Taï-Marc Le Thanh : Et le ciel se voila de fureur.

Un titre bien poétique pour un roman assez inclassable qui plonge le lecteur dans l’atmosphère poussiéreuse et dangereuse du Far West : nous sommes en 1865, la guerre civile vient de se terminer et cinq filles menées par un homme mystérieux cheminent dans un chariot direction l’ouest. Cette tribu de fortune a été constituée par Hidalgo, venu autrefois de France, un homme étonnant, à la fois extrêmement cultivé et extrêmement… meurtrier.

Âmes sensibles s’abstenir : dans ce roman, la violence est omniprésente. Ça tire dans tous les coins, ça égorge, ça décapite à tout va. Difficile de croire qu’il puisse s’agir d’un roman pour ados, et pourtant : l’hémoglobine coule à flot, les scènes d’action sont frénétiques, il y a quelque chose de Tarantino dans l’écriture. Le propos est sanglant, et ces scènes de violence où parfois une quarantaine de personnes y passent d’un coup servent une vendetta, une vengeance de sang que les cinq filles, bientôt rejointes par un garçon aveugle, obtiendront en héritage. Je ne sais que penser de cette bande d’enfants, puis d’ados, dressés pour devenir des tueurs à l’efficacité redoutable. Voir le déchaînement de violence de la fin du roman, avec ces ados de 14 à 20 ans qui tuent sans pitié, ça a un côté indéniablement dérangeant.

Au centre de ces tueries émerge le personnage énigmatique d’Hidalgo, complexe et pas rétif à la contradiction comme le récit le dit lui-même : l’homme valorise la vie de chaque chose, mais est capable de tuer sans hésitation à la moindre provocation. Étonnant. Cependant, sa profonde bienveillance se manifeste particulièrement pour ses enfants d’adoption, qu’il considère avec un grand respect et beaucoup d’amour. Autour de lui, la tribu est soudée face à l’adversité. C’est plutôt émouvant !

Le Far West était un lieu impitoyable, où la durée de vie pouvait se raccourcir drastiquement en cas de mauvaise rencontre. Même sans les bandits, c’était une terre rude, loin de tout, où la civilisation était très relative. Il faut cheminer longtemps pour trouver un médecin compétent, et les bourgades n’y ont rien de l’attrait des métropoles de l’est. La description qu’en fait l’auteur est réussie.

En conclusion ? Mon avis est somme toute plutôt mitigé. Les scènes récurrentes de violence lassent rapidement, et le lecteur s’interroge sur la morale du roman. Je suis sans doute passée à côté de ce roman, que j’ai pourtant lu d’une traite…

Et le ciel se voila de fureur, Taï-Marc Le Thanh. L’école des loisirs, 2022.

A propos Emily Costecalde 1154 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

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