Vicious : 100% anti-héros !

YOUNG ADULT / SCIENCE-FICTION — Changement plutôt radical de style chez V.E. Schwab : après avoir exploré les ruelles des différentes nuances de Londres dans sa saga de fantasy Shades of magic, l’autrice nous permet aujourd’hui d’assister au combat du mal contre le mal absolu dans le premier tome au titre annonciateur de sa série Evil : Vicious.

À la fac, Eli et Victor partagent la même chambre. Ils sont inséparables et pourtant absolument aux antipodes l’un de l’autre. Victor, c’est l’ombre : complexe et torturé, il passe ses journées à noircir les ouvrages de développement personnel de ses parents pour laisser apparaître des slogans d’un pessimisme saisissant. Eli, c’est la lumière – un garçon fascinant, doté de toutes les qualités, charismatique et solaire. Pourtant, sous la surface lisse du visage parfait de son ami, Victor entrevoit des démons inavouables. Et il n’est pas au bout de ses surprises…

Car un jour, Eli fait la découverte du siècle : des pouvoirs surhumains semblent se manifester chez ceux qui ont subi une expérience de mort imminente. On les appelle des EO – pour  » ExtraOrdinaires « . Aveuglés par l’ambition et la curiosité, les deux amis se lancent un défi insensé : celui de frôler la mort pour percer ce mystère. Malheureusement, leur tentative tourne au désastre. Dix ans plus tard, Victor croupit en prison, tandis qu’Eli est acclamé en héros. Mais ce que le monde entier ignore, c’est que le véritable monstre rôde dehors, en toute liberté…

Car oui : les personnages sont du mauvais côté de la barrière. Exit les héros solaires, tentés de faire le bien autour d’eux. Ici, on explore plutôt les arcanes du mal, avec deux personnages que l’on n’aimerait pas voir graviter autour de ses proches. Psychotiques, avec des échelles de valeurs assez étranges, Eli comme Victor sont dotés de caractères qui donnent froid dans le dos et auxquels il faut avouer qu’il est malaisé de s’attacher. Même s’ils parviennent plutôt bien à cacher leur jeu au début, leurs personnalités finissent par se révéler, en particularité à partir du premier tiers du livre. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles sont plutôt intenses …  Les portraits sont toutefois subtilement brossés puisque que l’autrice réussit l’exploit d’apporter des nuances à ces caractères, lesquelles nous amènent également à nous forger notre propre opinion sur les protagonistes et leurs motivations.

Vicious, V.E. Schwab

Comme annoncé par le résumé, l’intrigue se situe à cheval sur deux temporalités bien distinctes que 10 ans séparent. Le roman nous plonge d’emblée dans l’action et s’ouvre sur un chapitre qui prend place, sans aucun contexte, dans le présent. Et qui donne une envie folle d’avancer dans sa lecture, puisque l’on arrive d’entrée de jeu sur une scène où deux personnages sont occupés à en déterrer un troisième du cimetière où il gît.

S’ensuivent alors, en alternance, des chapitres courts percutants, consacrés au présent, et d’autres plus longs, qui remontent à la genèse des événements, au moment du passage à l’université de Vic et Eli. Or, les premiers nous plongent dans un tourbillon d’actions toutes plus mystérieuses et entraînantes les unes que les autres, alors que les seconds remontent assez loin en arrière, aux prémices de la relation des deux jeunes hommes, distillant les indices sur les sources de leur rivalité actuelle. Résultat ? Le suspens monte crescendo et c’est au compte-goutte que chaque question trouve sa réponse, ce qui s’avère délicieusement frustrant ! Le roman, de plus, joue avec brio la carte du mélange des genres : alors que l’on semble débarquer en pleine science-fiction avec cette histoire de super-héros, voilà que l’on est embarqués dans une vaste chasse du chat et de la souris, qui emprunte plutôt les codes du polar.

A l’issue de ce premier tome (sur deux), on comprend pourquoi V.E. Schwab est si renommée aux États-Unis. L’univers est original, l’intrigue menée de main de maître : les chapitres défilent et  il est difficile de faire des pauses dans sa lecture tant l’ensemble s’avère palpitant !

Evil, tome 1 : Vicious, V.E. Schwab. Lumen, février 2019. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Sarah Dali.

 

Par Coralie et Oihana.

A propos Kévin Costecalde 343 Articles
Passionné par la photographie et les médias, Kévin est chef de projet communication. En 2012, il a lancé le blog La Minute de Com, une excellente occasion selon lui d'étudier les réseaux sociaux et l'actualité. Curieux et touche-à-tout, Kévin aime les challenges, les voyages et l'ironie.

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