HISTORICO-FANTASTIQUE — Après une excursion réussie à Perdido, Alabama, nous sommes revenus avec enthousiasme chez les Caskey. À l’aube des années 20, après une crue dévastatrice qui a ravagé la petite ville, que va-t-il advenir de cette petite communauté qui tente de se relever dans l’ombre de la mystérieuse Elinor Caskey ?
Incroyable mais vrai : ce tome est encore plus beau que le précédent. Ces considérations esthétiques mises à part, cette suite est-elle à la hauteur ? Un grand OUI !
Nous suivons donc la communauté de Perdido bien décidée à se reconstruire après la catastrophe sur laquelle s’est ouvert le premier tome. La solution, pour protéger le futur, semble toute trouvée: il faut construire une digue. Pour se faire, la petite ville accueille Early Haskew, un ingénieur qui va se retrouver bien malgré lui embrigadé dans les jeux de pouvoir de la matriarche Caskey, la terrible Mary-Love. Mary-Love est un des grands personnages qui émerge de cette saga : elle est délicieusement manipulatrice, joyeusement fourbe, magnifiquement calculatrice. Elle aime dominer son monde et que ses proches accomplissent sa volonté. Mais dans le premier tome, son fils Oscar avait échappé à sa main-mise en épousant Elinor, la survivante mystérieuse de la crue. Dans ce deuxième volume, son deuxième enfant pourrait bien, aussi, se faire la belle… Comment réagira Mary-Love en voyant son autorité peu à peu lui échapper ?
La querelle entre Mary-Love et Elinor se poursuit et si Mary-Love s’avère être un personnage solide de belle-mère tyrannique, Elinor reste aussi mystérieuse et ambivalente, entre bienveillance le jour et cruauté la nuit, emblème du fantastique dans un récit qu’elle sublime. Sans elle, le roman serait une aimable saga familiale historique américaine, comme je les aime il est vrai, mais avec elle, Blackwater se pare de quelque chose de plus, d’un supplément d’âme qui a contribué à faire de la série le phénomène qu’elle est aujourd’hui.
Le roman introduit avec bonheur de nouveaux personnages charismatiques et de nouveaux drames, alors que l’intrigue progresse dans les années 20. Il assoit encore davantage l’intérêt du lecteur, de puis en plus ferré par le talent de conteur de Michael McDowell, qui sait insuffler un souffle délicieusement macabre quand il le faut (pauvre John Robert). À la manière de Stephen King, il sait parfaitement associer la vie d’une petite communauté américaine d’autrefois et l’irruption du surnaturel : c’est ce que j’aime particulièrement chez Stephen King, et c’est ce qui me séduit le plus dans l’écriture de Michael McDowell.
En somme : La Digue est un deuxième volume convaincant, qui achève d’happer le lecteur et lui donne l’envie furieuse d’enchaîner aussitôt avec la suite. Mais patience : les romans Blackwater sortent tous les quinze jours… La plongée dans le troisième tome n’en sera que meilleure, à n’en pas douter !
Soyez le premier à commenter