ROMAN JEUNESSE STEAMPUNK — Ariel Holzl fait partie de ces auteurs dont nous surveillons toutes les parutions. La dernière en date n’aura pas fait exception puisque nous avons dévoré Pax Automata, après un très court séjour en pile à lire. Il nous propose aujourd’hui une histoire qui prend place à la fin du XIXe siècle, dans un Paris uchronique.
1889. L’empereur Napoléon III, grand vainqueur de Sedan, s’apprête à inaugurer l’exposition universelle organisée dans un Paris grouillant d’automates en tout genre. Lors de la parade d’ouverture, Philémon de Fernay, jeune élève de Saint-Cyr, a le privilège de piloter le Zéphyr, le nouvel aéronef créé par Clément Ader. Mais tout déraille lorsque l’engin volant s’écrase sur la salle des machines et la pulvérise. Sous les gravats, Philémon découvre alors le corps d’un enfant automate aux traits particulièrement réalistes. Quel fabricant a bien pu enfreindre la loi principale de la Pax automata qui interdit la conception d’automates ressemblant à des humains ? Même Zélie, une mécanographe hors pair, n’a jamais rien vu de pareil ! Plus mystérieux encore…Une fois activé, l’enfant automate est capable de faire exploser n’importe quel mécanisme à proximité. Serait-ce une arme secrète dirigée contre l’Empire ?
Tout d’abord, commençons par l’extérieur : mention spéciale à l’objet-livre qui ravira tous les amateurs. C’est une belle petite briquette (donc pas de frustrations avec une histoire trop courte) dont la couverture est particulièrement soignée, avec de petits effets miroirs disséminés dans le dessin. L’intérieur n’est pas en reste puisque le livre est agrémenté de plusieurs articles de journaux très réalistes en lien avec l’intrigue ainsi que de la reproduction de plusieurs gravures qui plongent le lecteur dans le bain. Une vraie réussite !
Comme souvent (pour ne pas dire toujours !) avec Ariel Holzl, l’ambiance et l’univers sont soignés ! Dans ce livre-ci, pas d’ambiance post-apocalyptique (comme dans Bpocalypse) ou féérique (La Princesse sans visage) : nous voici plutôt de retour dans la Ville Lumière, comme dans Temps mort. Mais quel Paris ! Alors que l’exposition universelle de 1889 bat son plein, les vapeurs de cobalt ont permis des avancées technologiques phénoménales. La ville reste parfaitement reconnaissable avec juste le twist qu’il faut pour donner un côté steampunk. Les descriptions et les informations sont amenées de manière subtile et intelligente pour que l’immersion soit facile et totale : un travail d’orfèvre de la part de l’auteur. Ariel Holzl, outre Paris, nous fait découvrir les locaux de Saint-Cyr-l’École, ce qui change agréablement de cadre.
Dans cet univers, la haute-société côtoie les automates les plus fous, dont les cartes perforées sont là pour simplifier la vie des premiers. Mais attention, interdiction pour ces automates d’avoir figure humaine sous peine d’être détruits, et pour les propriétaires d’y laisser quelques plumes. L’Histoire est également revisitée puisque la Reine Victoria a laissé sa place à Ada Lovelace à la tête du Royaume-Uniforme… Ce qui engendre son lot de changements. Mais pour savoir lesquels, il vous faudra lire ce roman : ce serait trop dommage de vous divulgâcher un univers aussi bien pensé avec juste ce qu’il faut de cynisme.
C’est donc une petite pépite au rayon aventure jeunesse ! En filigrane, les lecteurs adultes apprécieront les quelques références et les quelques critiques de la société qui sont habilement glissées dans le texte, mais dans l’ensemble le texte s’adresse tout de même à un public plus jeune. Ainsi, les rebondissements s’enchaînent sans coup férir, les héros sont en âge d’aller au collège/lycée et la menace reste assez lointaine. Mais c’est parfait comme ça, on recommande !
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