IMAGINAIRE — Ne soyez pas étonné : le nouveau roman d’Holly Black, Le Livre de la nuit, n’a absolument rien à voir avec son précédent, Le Prince cruel. Ce n’est pas du tout un roman jeunesse. Si on devait comparer Le Livre de la nuit à une autre oeuvre, c’est plutôt du côté de Crescent City qu’il faut chercher : même ambiance poisseuse, et même présence mystérieuse de la magie… Le roman fleure bon l’alcool bon marché et la reliure des vieux livres contenant des secrets magiques !
Paré du plus beau des écrins (une magnifique édition reliée existe notamment), le nouvel opus d’Holly Black nous transporte dans les bas-fonds du Connecticut, dans le quotidien de Charlie Hall, aux doigts agiles et à la langue acérée. La jeune femme vivote d’activités rarement légales, dans un monde où la magie existe et se concentre dans les ombres des individus. Certaines ombres peuvent ainsi filer un coup de main à leur porteur… voire s’en affranchir.
Charlie a un talent certain pour se fourrer dans les ennuis, ce dont ce livre est l’illustration parfaite : la jeune femme collectionne les mauvaises fréquentations et les plans foireux avec un brio rare. Le lecteur suit le tout avec un intérêt croissant. Excellente personnification des personnages, à qui Holly Black donne ce qu’il faut de background : on s’attache à Charlie, à sa frangine, à son étrange petit ami sans ombre… Des retours en arrière bien amenés permettent de densifier la psychologie des protagonistes. C’est le premier atout du roman !
Le deuxième, c’est bien sûr le système magique prometteur et intéressant, qui m’a rappelé ma récente lecture du Livre de M : les ombres sont un sujet fécond qu’Holly Black explore avec panache. Les possibilités pour d’autres romans dans le même univers semblent infinis, grâce à une fin pleine de potentiel. C’est de l’urban fantasy efficace, qui rappelle les meilleurs titres du genre.
Ne lisez pas ce roman si vous espérer retrouver la même ambiance que dans l’histoire de Jude et Cardan : ce roman est plus sombre, plus mature. Il s’adresse clairement à un public plus âgé que celui du Prince Cruel. Loin de ces attentes, vous passerez un excellent moment en compagnie de Charlie Hall.
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