Young Elites : fantasy sous la Renaissance italienne

FANTASY JEUNESSE – De Marie Lu, nous vous avions présenté la série dystopique Legend que nous avions appréciée. D’ailleurs, le premier article de Café Powell était consacré au premier tome de sa trilogie. Dans la foulée de cette première réussite, Marie Lu a signé la trilogie Young Elites, désormais publiée en poche au Livre de Poche Jeunesse … qui s’est malheureusement avérée moins convaincante.

Adelina a survécu à l’épidémie qui a ravagé son pays, quelques années plus tôt.
D’autres enfants, comme elle, ont survécu, la maladie laissant sur leur corps d’étranges marques, propres à chacun. Les cheveux d’Adelina sont passés de noirs à argentés, ses cils sont devenus blancs et une cicatrice barre la moitié gauche de son visage, soulignant son orbite vide, vestige de la maladie. Son père, et le reste de la société de Kenettra, voient en elle une malfetto, une abomination, une disgrâce pour son nom et sa famille, synonyme de malédiction.
Mais une rumeur court : il se murmure que certains survivants auraient gagné davantage que des cicatrices ; ils auraient acquis de mystérieux superpouvoirs, à nouveau originaux et propres à chacun. Et, bien que leur identité demeure secrète, ces survivants ont déjà un nom : les Elites. Un nom qui fait trembler les puissants.

The Young Elites, Marie Lu, Le Livre de Poche jeunesse

En tant que malfetto, Adelina a peu d’avenir : aucun prétendant sérieux, aucune perspective de débouché (y compris en admettant qu’elle travaille à son compte) et le mépris éternel de son père, lequel essaie désespérément de déclencher les pouvoirs de la jeune fille en la maltraitant, dans l’espoir de pouvoir en tirer profit par la suite. Or, un soir d’orage, il finit enfin par y arriver… et trouve la mort dans la foulée. Adelina est donc convoitée à la fois par les Elites, qui aimeraient l’inclure dans leurs troupes et à la fois par l’Inquisition, laquelle aimerait la faire passer sur le bûcher, comme toute créature de son espèce.
De fait, l’histoire est assez classique : on a des petits rebelles qui entendent révolutionner la société, un fort contre-pouvoir qui dicte sa loi, des règlements très répressifs. Mais là où le roman se démarque du genre c’est qu’Adelina tient plus de l’antagoniste que du protagoniste, rongée qu’elle est par le remords, la rage et la volonté de se venger de ce qu’elle a subi. Cela change agréablement des clichés du genre !
Mais, malheureusement, c’est également la limite du roman : Adelina est certes en proie à la colère, qui la rend mauvaise, mais c’est tellement rabâché au lecteur que ça n’en est pas vraiment crédible : en effet, les mauvaises intentions d’Adelina sont plus racontées que montrées et, du coup, cela semble un peu superficiel.

Tout comme l’univers qui, pourtant, ne manque pas d’originalité. On évolue en effet dans un monde qui semble avoir tout de la Renaissance italienne, revisitée sauce fantasy, et que l’on redécouvre avec plaisir. Ce qui pêche, cette fois, c’est plutôt les motivations des uns et des autres, pas toujours bien claires et l’âge des protagonistes, qui ne réagissent pas toujours en accord avec le leur. Tout cela induit quelques décalages qui ont tendance à faire sortir le lecteur de l’univers.

Young Elites aura donc été une découverte en demi-teinte : les idées sont vraiment intéressantes, la lutte politique pour faire reconnaître la différence comme normale bien mise en avant, mais les ambitions des personnages et les contours de l’univers pas toujours maîtrisés, ce qui est un peu dommage.

Young Elites #1, Marie Lu. Le Livre de Poche, avril 2017. Traduit de l’anglais Olivier Debernard.

A propos Oihana 711 Articles
Lectrice assidue depuis son plus jeune âge, Oihana apprécie autant de plonger dans un univers romanesque, que les longues balades au soleil. Après des études littéraires, elle est revenue vers ses premières amours, et se destine aux métiers du livre.

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