Éducation meurtrière : rencontre loupée !

Éducation meurtrière, Naomi Novik

FANTASTIQUE — De Naomi Novik, j’avais adoré La Fileuse d’argent. J’avais également aimé Déracinée. Aussi, lorsque j’ai appris que son nouveau roman allait paraître, et qu’en plus l’action s’y passerait dans une école de magie ultra dangereuse, je trépignais littéralement d’impatience ! Mais finalement, ma déception a été à la hauteur de mon enthousiasme initial…

Galadriel est une élève de première. Mais son lycée n’est pas franchement comme les autres : la Scholomance est une école pour les sorciers, un bâtiment fluctuant et hanté par des démons prêts à manger les élèves. Un endroit où survivre est presque plus difficile que de décrocher son diplôme.

Galadriel, dite El, est une solitaire : dotée d’un pouvoir de destruction massive, fille d’une guérisseuse célèbre, porteuse d’une prophétie la désignant comme un agent du chaos, elle rêve pourtant de mettre au point une alliance qui lui permettrait de survivre et même de prospérer au-delà du lycée. Cynique et agressive, elle utilise le sarcasme comme bouclier de défense, notamment face à Orion Lake, un petit prodige qui ne cesse de lui sauver la vie.

Récit très introspectif, qui nous immerge dans la psyché de Galadriel, le roman se lit quasiment en apnée, tant les dangers qui guettent l’héroïne semblent grands. Aller à la salle de bain, se servir un petit déjeuner, se rendre en cours sont autant d’actes propices à l’attaque des étudiants par les « malés », des démons qui prennent des formes diverses et variées, mais dont le but est toujours de croquer les adolescents. Galadriel rumine beaucoup, se méfie de tout le monde, envoie péter sans vergogne quiconque lui parle. On ne peut pas dire que ça soit un personnage très agréable, même si on comprend très vite que c’est une carapace destinée à l’aider à survivre à cette scolarité hors-norme, dans une école qui ne l’est pas moins. Comme à Poudlard, les salles et les escaliers peuvent être amenés à bouger et à faire leur vie. La comparaison s’arrête là. À la Scholomance, il n’y a pas de professeurs ou d’équipe encadrante. Il n’y a pas de temps mort pour les élèves, qui ne vont certainement pas y nouer de tendres amitiés. Les seules alliances qui valent sont terriblement pragmatiques et veillent à assurer la survie de leurs membres. Galadriel n’est pas la seule à être cynique… La survie, avant tout !

On a ici typiquement un exemple de roman clivant : soit on adore l’héroïne, avec sa mauvaise humeur perpétuelle et son acidité, soit elle nous agace. Le style, très linéaire, sans grande action, tout en pensées de Galadriel et descriptions de l’école et de ses mille et un dangers, fascinera ou repoussera le lecteur selon ses goûts. Pas de demi-mesure : ce roman, on adore, ou on déteste. Personnellement, je l’avoue : j’ai été très déçue. Quand j’ai eu le livre en main pour la première fois, je l’ai trouvé bien court : je l’aurais alors souhaité plus long avec ses trois cents pages. Mais à la fin, j’étais bien soulagée qu’il ne soit pas plus touffu, tant j’ai eu de mal à terminer ce roman. Oui, je me suis ennuyée. Oui, je n’ai pas retrouvé le style onirique que j’avais tant aimé dans les deux romans précédents de Naomi Novik. Cependant, je suis sûre que ce roman trouvera aisément son lectorat, chez les amateurs de Dark Acadomia (Assoiffés, Killing November, Night School…).

Éducation meurtrière, Naomi Novik. Pygmalion, 2022. Traduit de l’anglais par Benjamin Kuntzer.

A propos Emily Costecalde 1154 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

3 Commentaires

  1. Personnellement, je ne suis pas d’accord avec l’avis donné.
    J’ai certes eu un peu de mal avec le fait d’arriver dans cette avant dernière année de cours pour El, mais les nombreuses descriptions qui sont faites par elle démontre la survie qu’elle a enduré durant toutes ces années. C’est comme si elle nous donnait des conseils.
    De plus son caractère s’est formé à cause du comportement des autres a son égard, mais on peut voir aussi son évolution sur ce point.
    J’attends avec impatience le tome 2, même si j’ai peur qu’il ne sorte jamais et que je sois obliger de le traduire moi même pour le lire 🙂
    Bonne lecture

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