L’Empire du Vampire : étonnant roman hybride !

L'Empire du vampire

FANTASY — Dans Entretien avec un vampire, Anne Rice imaginait un buveur de sang immortel se confiant à un humain. Par un étrange retournement de situation, Jay Kristoff imagine précisément l’inverse : dans L’Empire du vampire, c’est un immortel qui recueille les confidences d’un humain. D’emblée, on aime la référence.

Mais humain, Gabriel ne l’est pas vraiment et la créature de la nuit en face de lui n’est en rien un journaliste. C’est sous la contrainte que le héros raconte son histoire : celle d’un demi-sang, fruit des amours entre un vampire et une humaine, devenu un Saint d’argent, déterminé à tenter d’éliminer les vampires.

Car ceux-ci prolifèrent depuis « la mort du jour ». Comme dans Vampyria, le soleil semble bien pâle, bien peu capable de protéger les mortels. Un hiver perpétuel semble s’être installé. Winter is coming. L’analogie n’est pas vaine : telle la troupe des marcheurs blancs de G. R. R. Martin, l’armée des vampires tire profit du froid qui gèle les cours d’eau (qu’ils ne peuvent traverser sinon) et fait fuir leurs proies.

Dans ce roman, Jay Kristoff revisite la mythologie du vampire et propose l’idée brillante selon laquelle tous les morts, tombés sous les crocs des buveurs de sang, peuvent être amenés à se relever. Ceux qui se réveillent presque instantanément sont les vampires qu’on connait, charmants, vicieux et séduisants. Les autres, sur lesquels la décomposition a eu le temps de faire effet, ne valent pas mieux que des zombies. Ainsi, dans ce roman, on côtoie aussi bien des sangsues distinguées que des cadavres ambulants : ambiance Entretien avec un vampire et The Walking Dead.

Ajoutez à ça une pincée de Da Vinci Code (humains comme vampires cherchent le Graal, capable de renverser les vampires et de faire revenir le jour… et ce fameux Graal n’est ni plus ni moins qu’une personne), avec une foi revisitée, bien que très fortement inspirée du catholicisme… En somme, le roman de Jay Kristoff propose, dans un enrobage fantasy, une histoire de héros luttant contre le mal absolu, sous les traits de vampires et de zombies. Le récit est diablement efficace, sillonnant avec brio diverses lignes temporelles, alternant entre le récit de Gabriel et sa discussion avec son confident. Un bel exercice de fiction tout simplement convaincant, qui plaira à ceux qui aiment les histoires de buveur de sang, les épopées fantasy et les combats désespérés.

L’Empire du vampire, Jay Kristoff. De Saxus, 2022. Traduit de l’anglais par Benoît Domis.

A propos Emily Costecalde 1154 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

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