NON FICTION — Le pavé de Simon Sebag Montefiore a de quoi impressionner : pas moins de 1 300 pages, solidement étayées de faits historiques et dates, le tout sur une des dynasties les plus sulfureuses d’Europe. Si vous êtes férus d’histoire, ou désireux de comprendre l’arrière-plan historique de la crise actuelle, il serait dommage de passer à côté.
Si on vous dit Les Romanov, à quoi pensez-vous ? Peut-être au froid de décembre, à Anastasia, Dimitri, à une chauve-souris qui parle ? À Ra-ra-rapoustine, Russia’s Greatest Love Machine ? Ou plus sérieusement à la révolution russe, au début du XXe siècle ? Les Romanov ne se limitent pas à leur fin tragique et Simon Sebag Montefiore redonne vie à toute la dynastie, depuis son début avec le tsar Michel en 1613.
Évolution de la famille Romanov, de l’empire russe, et de l’Europe : le récit est formidablement dense, peuplé de personnages si romanesques qu’on s’étonne presque qu’ils aient vraiment vécus. Au fil de ma lecture, je me demandais si j’en trouverais un seul un tant soit peu sain d’esprit. Les Romanov étaient volontiers mégalomanes, souvent violents : purs produits de leur époque, ils avaient le goût du sang et de la vengeance. Ils aimaient balancer des gens sur des piques. L’auteur s’étend volontiers sur les anecdotes les plus sulfureuses et les plus gores : vous n’ignorerez rien du « knout », un fouet typiquement russe, et des méthodes de torture de l’époque. Ils savaient tous être particulièrement imaginatifs.
J’ai aimé découvrir ce que cachait ces noms que j’avais déjà croisé dans des manuels d’histoire. Exemple typique : Catherine II de Russie, la célèbre « despote éclairée » qui aimait tant Voltaire, et qu’on présente volontiers comme la mécène des Lumières. Ou encore Pierre le Grand, probablement le personnage le plus incroyable de ce livre : doté d’une personnalité ultra charismatique mais surtout complètement déjantée, l’homme était connu, notamment, pour être passionné d’autopsie. Il se réjouissait du malaise de sa suite, contrainte d’assister avec lui à des séances de découpage : il aurait même demandé aux plus verts de courtisans de « croquer » un morceau du cadavre qui les indisposaient. L’ambiance est posée.
Il est intéressant aussi de découvrir certains pans de notre histoire à nous via le prisme russe, comme la célèbre défaite de Napoléon en 1812, l’heure de gloire de la Russie. Notre héros national y apparait, sans surprise, comme un tyran…
C’est dense mais nullement indigeste. En fait, ça se lit étonnamment bien, malgré tous les noms, les homonymes, les enjeux socio-politiques… Pas tout à fait comme un roman, mais pas loin !
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