Palo Alto : Gia Coppola è già una Coppola !

Encore une réalisatrice de talent dans la famille Coppola : petite-fille de Francis, nièce de Sofia, Gia signe à 27 ans son premier long-métrage, Palo Alto. Inspiré des Palo Alto Stories de James Franco, le film raconte l’histoire de quatre ados dans une banlieue  californienne plutôt chic. Gia, qui avoue avoir de mauvais souvenirs de ses années lycée, a trouvé dans l’écriture de Franco quelque chose qui résonnait avec sa propre expérience, qui lui «parlait», raison pour laquelle elle a accepté de faire le film.

 Elle tenait absolument à ce que ses acteurs soient des ados car impossible de jouer convenablement un ado lorsque l’on a passé l’âge, lorsque l’on a pris un peu de recul sur la vie, qu’on a appris à gérer ses hormones et qu’on n’a plus d’acné. Le trentenaire James Franco fait office de vieillard (vieillard sexy, certes) et du haut de ses 21 ans, Emma Roberts est la plus âgée du quatuor principal. Mais la valeur n’attend point le nombre des années : Jack Kilmer (le fils de Val) a des petits airs de Paul Dano de bon augure pour la suite – si tant est qu’il continue, car avant d’accepter la proposition de Gia, il n’envisageait nullement une carrière d’acteur. Nat Wolff (vu entre autres dans Peace, Love & Misunderstanding et bientôt dans Nos étoiles contraires), son ami de mauvaise influence, est également très attachant et naturel, ce qui est peut-être un peu moins le cas des filles (à l’exception d’Emma Roberts). À moins que ce ne soit simplement mon œil français qui ait du mal à les voir comme des lycéennes américaines lambda, tant elles ressemblent à ce que l’on croyait n’être que des stéréotypes de sitcom…

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Si Gia a voulu se détacher de l’influence artistique de sa famille, on retrouve quand même des échos à Virgin Suicides dans la manière dont les ados sont filmés. Quelqu’un a suggéré Gus van Sant, et en effet. On sent cependant que c’est un premier film mais en l’occurrence les hésitations et les imperfections conviennent parfaitement au sujet. L’émotion passe, intacte, des acteurs aux spectateurs à travers le regard de la réalisatrice qui se cherche en même temps que ses personnages. Elle les observe, essaie de les comprendre et se voit en eux. Et il y avait quelque chose de très touchant à la voir à la projection, intimidée et fragile (et squelettique), moi qui m’attendais à une Coppola tout imbue de son nom ! Bien au contraire, c’est la première fois que je vois une telle modestie chez une réalisatrice : au lieu de présenter présomptueusement le film comme un aboutissement, le résultat d’une démarche artistique pleinement consciente et maîtrisée – comme le font la plupart des réalisateurs -, Gia Coppola semble avoir vécu ce projet comme une expérience, un processus de découverte.

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Je n’ai pas (encore) lu les nouvelles de James Franco, je ne mesure donc pas pleinement l’influence de Gia sur les textes, dans quelle mesure elle a transformé le matériau initial, mais le fait qu’elle ait placé une héroïne au centre du scénario et qu’elle lui ait prêté sa vraie chambre d’ado en dit long sur la dimension autobiographique du film. Sur le thème de l’adolescence, l’adaptation par une femme d’un recueil écrit par un homme n’a rien d’anodin : l’enjeu central de l’adolescence – la découverte du sexe opposé – est ainsi inscrit dans le processus même. Cette rencontre est peut-être la seule manière de toucher vraiment à l’essence de l’adolescence, et il ne peut qu’y avoir une vraie complémentarité entre le livre et le film, plus que pour les autres adaptations. Je vous engage donc à découvrir les deux* !

*je ne crois pas que la traduction française de Palo Alto Stories soit déjà sortie, mais ça ne saurait tarder !

Palo Alto, Gia Coppola. 1h36. En salles le 11 juin 2014.

Par Lisa

A propos Lisa Roche 13 Articles
Passionnée de littérature et de cinéma, Lisa travaille dans l'édition.

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