POLAR DE NOEL — Gabriel Katz n’en est pas à son coup d’essai. Après avoir été l’écrivain fantôme d’auteurs, il a fait une entrée remarquée en fantasy avec sa trilogie Le Puits des mémoires – couronnée du Prix Imaginales 2013 – bien vite suivie de Maîtresse de guerre et du diptyque Aeternia, qui se déroulent dans le même univers. En cette fin 2015, il récidive avec un polar au titre ô combien adapté à la période : N’oublie pas mon petit soulier.
Des petits souliers, Benjamin Varenne est chargé d’en remplir un certain paquet. Quand on est le Père Noël officiel du Printemps, à Paris, on en recueille, des listes de souhaits, entre un bisou baveux et un selfie raté. Si le job l’exaspère, Benjamin Varenne n’a guère le choix : à part quelques épisodiques rôles de figuration – et une pièce muette – sa carrière de comédien n’a jamais brûlé les planches, malgré ses rêves d’Oscar récurrents.
Et sa carrière de Père Noël risque, elle aussi, de sombrer. Car Benjamin a un gros faible pour les filles. Il ne compte plus les opportunités (de carrière, par exemple) qu’il a ratées à cause d’une fille. Et une fille, en voilà justement une qui traverse son champ de vision : brune, fine, pas spécialement belle, mais avec une aura particulière. En abandonnant sa hotte et ses cadeaux, Ben sait qu’il commet une monumentale erreur. Mais il est loin d’imaginer à quel point. Car Victoire n’est pas n’importe quelle étudiante en histoire de l’art. Elle est pour ainsi dire mariée à Valon, un dangereux mafieux Albanais, qui met toutes les polices d’Europe sur les dents. Et Valon est très, très jaloux ! Alors, bien sûr, lorsqu’il apprend que sa petite Victoire a fauté – dans le lit conjugal !! – et, pire, que sa mère bien-aimée a pris deux balles dans le buffet, Valon n’est pas d’humeur à goûter la plaisanterie. La période des fêtes s’annonce donc pour le moins mouvementée…
Voilà un polar qui sera du plus bel effet sous le sapin ! D’une part parce que l’histoire se déroule en période de Noël, mais aussi parce que le sujet, l’histoire et la façon dont tout cela est mis en place devrait plaire à un large public, amateur de polars ou non. En fait de polar, on suit d’abord et surtout les déboires de Ben, narrés avec un recul plein d’humour et d’ironie très agréable. Quand on y pense, ce comédien raté a une déveine assez fantastique : quelle était la probabilité qu’il s’amourache d’une fille justement engagée avec un mafieux de la pire espèce et que leur escapade romantique sème les cadavres ? Du coup, c’est drôle. Un peu noir parfois, mais vraiment drôle. Tout du long, on oscille entre le polar à suspense et la farce de mauvais goût, tant les tuiles semblent pleuvoir sous les pieds malchanceux de Ben.
L’intrigue, du coup, est assez simple et on voit rapidement où on va en venir, ce qui n’est pas bien grave. Ce n’est pas tant pour le suspense insoutenable que pour savoir comment Ben va s’en sortir que l’on dévore ce roman aussi divertissant que jubilatoire !
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