Je suis Adele Wolfe : une uchronie palpitante dans le IIIe Reich

UCHRONIE — Après Fuir la citadelle, qui avait bien plu à l’équipe, Ryan Graudin revient avec un nouveau roman destiné aux adolescents, tournant comme le précédent autour des identités détournées et des métamorphoses : Je suis Adele Wolfe.

Germania, 1956. L’Axe domine le monde, suite à la victoire du IIIe Reich et du Japon. Depuis, les deux empires se sont partagé le monde. Afin de commémorer la victoire des forces de l’Axe sur les Alliés, Hitler et l’empereur Hirohito organisent chaque année une incroyable course de moto entre leurs deux continents : le Tour de l’Axe. Sur leurs Zündapp, les 20 candidats, japonais et allemands, rallient Berlin à Tokyo, via Le Caire et New Delhi. Le Führer fait une de ses exceptionnelles apparitions lors du bal de la Victoire.
Yael, une jeune survivante des camps, n’a qu’un objectif dans la vie : renverser le règne du Führer. Enfant, elle a été choisie par un médecin nazi pour subir des expériences visant à diminuer la création de mélanine. Résultat : Yael est désormais capable de métamorphose, pouvant prendre l’apparence d’à peu près n’importe quelle femme. Une capacité qui n’a, évidemment, pas échappé à l’œil de la Résistance, qui charge la jeune femme de mettre à bas Adolf Hitler.

Le moyen ? Yael devra prendre l’apparence d’Adele Wolfe. Adele, l’année précédente, a usurpé l’identité de son frère jumeau Felix pour pouvoir participer à la course – exclusivement réservée, évidemment, aux hommes. En 1955, Adele a remporté le Tour de l’Axe et dansé avec le Führer – une rareté ! Yael est donc chargée de participer à la course sous l’identité de la championne, la remporter et assassiner Adolf Hitler durant le bal de la Victoire.

L’affaire, déjà compliquée, se corse encore lorsque Yael s’aperçoit que Luka, un des participants à la course, en sait manifestement beaucoup sur Adele suite à leur affrontement de l’année précédente, et que Felix s’aligne avec les autres concurrents sur la ligne de départ… Or, personne ne connaît Adele mieux que Felix et les secrets qu’elle partage avec Luka pourraient bien coûter à Yael sa victoire, et sa tête, accessoirement.

Je suis Adele Wolfe, Ryan Graudin, Msk

Comme dans Fuir la citadelle, on retrouve donc les motifs de la course chargée d’adrénaline et de l’usurpation d’identité. Le récit est mené au rythme effréné des étapes de la course que Yael mène bille en tête : hors de question de lâcher du lest et laisser ses concurrents l’emporter sur elle, ce qui mettrait à mal sa mission. Heureusement, l’auteur alterne le récit avec celui de souvenirs de l’enfance traumatisante de Yael et de son apprentissage des armes et du métier d’espionne. Ainsi, on se figure mieux comment la jeune femme est devenue cette Walkyrie à moto, prête à tout pour venger son peuple et obtenir sa revanche et cela donne du corps à ce personnage hors du commun.

L’uchronie rappelle évidemment le contexte du Maître du Haut Château, mais Ryan Graudin parvient à donner à son texte une originalité certaine, grâce à la course de moto et, évidemment, au grain fantastique du personnage de Yael. Toutefois, elle n’abuse pas des performances de la jeune femme et en montre même les limites : Yael est obligée d’avoir recours à des usurpations d’identité imparfaites, faute d’avoir pu étudier réellement les personnes dont elle prend les traits. Cela change agréablement des personnages métamorphes qui changent de peau comme de chemise, sans jamais se poser de questions.

De plus, Ryan Graudin parvient à surprendre le lecteur au gré des péripéties : on pense avoir cerné Yael et ses adversaires et avoir compris où l’on va… et l’intrigue prend parfois un tour inattendu, ce qui rend la lecture d’autant plus prenante.

La fin est vraiment bien amenée et reprend, de façon légèrement détournée, un épisode historique de l’histoire réelle du IIIe Reich ; au vu de la conclusion très ouverte, on pourrait parfaitement envisager une suite, que l’on lirait sans aucun doute avec autant de plaisir que cette aventure trépidante !

Je suis Adele Wolfe, Ryan Graudin. MsK, septembre 2016. Traduit de l’anglais par Marie Cambolieu.

A propos Oihana 710 Articles
Lectrice assidue depuis son plus jeune âge, Oihana apprécie autant de plonger dans un univers romanesque, que les longues balades au soleil. Après des études littéraires, elle est revenue vers ses premières amours, et se destine aux métiers du livre.

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