BANDE DESSINÉE — Il y a un peu plus d’un an, nous avions fait la connaissance d’Aspirine, ado révoltée et vampire de son état, ainsi que de Yidgor, son serviteur, tous deux nés sous la plume de Joann Sfar. Nous les retrouvons aujourd’hui pour le tome 2 de leurs aventures intitulé Un vrai bain de sang.
Quelques mois ont passé depuis la première aventure d’Aspirine et de ses complices. Yidgor, Aspirine et Josacine — sa grande soeur — connaissent mieux leurs pouvoirs, et surtout, ils ont appris à canaliser leur rage et leur mal-être. Aspirine s’est notamment lancée dans l’écriture d’un journal intime, à qui elle confie ce qui se passe mal dans son quotidien. Car depuis quelques temps, elle et sa soeur ont décidé de devenir, non pas des super-héroïnes, mais des super-monstres : des sortes de méchants qui traquent les encore plus méchants. Et elles embarquent Yidgor, leur super serviteur, avec elles. Leur dernière aventure consiste à racheter des cadavres fraîchement pendus pour les réanimer et leur confier une mission des plus complexes : capturer un Dieu qui prodigue la jeunesse éternelle (mais à quel prix?) à ses adorateurs fêlés. Les morts s’accumulent et c’est finalement le cadavre de Dick, un gosse des rues, qui va remplir la mission. Mais ce n’est que le sommet de l’iceberg puisque les deux vampires veulent également réveiller le professeur Bowell dont on ignore tout, et que Dick cherche à tout prix à récupérer son âme, jalousement gardée par Yidgor. Ce Dieu surpuissant va bien leur donner du fil à retordre et même menacer de détruire la planète toute entière.
Ce tome 2 est radicalement différent du premier tome : ici, point de présentation et d’introduction, on rentre directement dans le vif du sujet. Le doute n’est plus permis, Aspirine va prendre de l’ampleur et devenir une vraie série, exit le one-shot.
Le format choisi est peut-être un peu brouillon, ou aura tendance à perdre le lecteur : l’histoire s’ouvre dans un bain de sang. Littéralement dans une baignoire remplie de sang, où Aspirine et sa sœur papotent avant qu’Aspirine ne retranscrive leurs aventures dans son journal intime. Le journal intime n’est qu’un prétexte pour relater le début de l’épopée et, à mi-parcours, le récit dans le récit finit par rejoindre la réalité. L’auteur fournit peu de réponses et laisse quelques questions en suspens qui laissent à penser qu’il y aura une suite : mais qui est ce professeur Bowell et pourquoi le réveille-t-on ? Que va bien pouvoir faire Dick avec son âme ? Et Dieu alors ?
Comme toujours avec Joann Sfar, l’ambiance est bien sombre et le ton pour le moins cynique. Les touches d’humour noir succèdent aux petits piques et aux revendications en tous genres et c’est un régal pour les amateurs du genre. Encore une fois, les références fourmillent, avec des clins d’œil à Lovecraft ou Bram Stoker, voire aux autres œuvres de l’auteur lui-même. Si l’histoire peut facilement se comprendre en ayant lu seulement le tome 1, nul doute que les fidèles de la première heure sauront y trouver encore plus de matière.
Si vous aimez le sordide, le subtil, le politiquement (in)correct, l’irrévérence et les monstres en tous genres, Aspirine est faite pour vous !
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