POLAR — Le Masque met à l’honneur les romans policiers les plus mythiques de son catalogue à travers une réédition façon “fac similé prestige”. C’est l’occasion de découvrir des livres totalement vintages parmi lesquels le fameux Meurtre en Mésopotamie, signé Agatha Christie.
L’histoire prend place dans les années 30 sur le chantier de fouilles de Tel Yarimjah en Mésopotamie. Là, une équipe composée de douze personnes s’affaire en effet à des recherches d’archéologie : fouilles, archivage, étude des artefacts, … Et toute cette petite communauté vit plus ou moins en harmonie dans la maison de l’expédition, dirigée par Mr et Mrs Leidner. Autour d’eux gravitent le père Lavigny (un religieux français spécialiste des écritures anciennes), Mr et Mrs Mercado (des archéologues), un photographe du nom de Reiter, une aide de laboratoire (Miss Johnson), un architecte (Mr Carey), et enfin, le Dr Reilly et sa fille Sheila. Et puis, la dernière arrivée, Miss Amy Leatheran, infirmière de son état. Celle-ci est venue épauler Mrs Leidner, qui semble souffrir d’un mal mystérieux : tour à tour accusée d’affabulations ou de déprime, chacun en va de sa petite hypothèse et la présence d’une nurse était devenue nécessaire. Quelques jours après son arrivée, la pauvre Mme Leidner est subitement assassinée. Et les configurations des lieux et du crime laissent à penser que le meurtrier fait partie de l’équipe de fouille … Par un heureux hasard, il se trouve que le grand Hercule Poirot n’est pas loin et est invité sur place pour faire la pleine lumière sur ce mystère ! Amy aura donc le privilège d’assister à son enquête avant d’en retranscrire le compte-rendu.
Le livre est rédigé comme un rapport, de la main d’Amy Leatheran. Même l’avant-propos est écrit par le Dr Reilly de manière à faire croire que l’intégralité du récit est véridique. Ce dernier souhaite en effet, quatre ans après les faits, donner une version fidèle et impartiale au public. Mais ayant vécu plusieurs mois avec toute l’équipe de fouille et connaissant certains protagonistes depuis plusieurs années, le docteur ne se sent pas assez impartial et légitime pour relater les évènements. Il missionne donc la jeune nurse pour entreprendre cette tâche : elle-même a vécu l’enquête de l’intérieur, mais son intégrité ne peut pas être remise en cause puisqu’elle ne connaissait aucun des membres de l’expédition avant son arrivée. Aucun a priori donc ! Et pourtant, l’arrivée de Miss Leatheran coïncide presque avec le meurtre … À ceci près que les mauvaises farces et les agressions durent depuis quelques temps déjà.
Agatha Christie prend une fois de plus le temps, en une soixantaine de page, de poser le contexte et de dépeindre une atmosphère pesante et lourde malgré la beauté des lieux. On sent bien ici qu’elle s’inspire de son vécu et notamment de son second mariage avec un archéologue. Les caractères des personnages ne sont par contre pas le point fort de ce roman. Ils sont bien souvent, pour les besoins de l’histoire, légèrement caricaturaux. Mais si — comme nous ! — vous êtes un lecteur indulgent, plus intéressé par le mobile et le meurtrier que par la psychologie des personnages, cela ne posera a priori pas de problème. Si par contre vous faites partie des plus aguerris, le récit en lui-même vous semblera peut-être, par moments, un peu tiré par les cheveux.
Impossible de se tromper avec ce polar : on retrouve l’atmosphère délicieusement mystérieuse et exotique que les anglais de l’entre-deux guerres affectionnaient particulièrement. L’objet livre en lui même est également délicieusement rétro, imprimé à la manière des livres de l’époque (avec même une ancienne couverture indiquant le prix en francs). Laissez-vous donc porter par le vent de mystère qui souffle sur ce roman et suspectez tout le monde en attendant le dénouement !
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