Les mains de Louis Braille, récit d’une géniale invention

Les Mains de Louis Braille, Hélène Jousse

BIOGRAPHIE ROMANCÉE — Le nom de Louis Braille est célèbre dans le monde entier, puisqu’il est le génial inventeur de l’écriture braille, qui permet aux aveugles de lire avec leurs doigts. Le rapport entre lui et Hélène Jousse, sculptrice qui signe là son premier roman ? Un jeune homme aveugle lui a, un jour, demandé de lui apprendre à sculpter, ouvrant à sa professeure tout un monde de perspectives !

Constance, la quarantaine, dramaturge reconnue, est veuve depuis une petite année. Pour lui changer les idées, semble-t-il, son ami et producteur Thomas lui confie la mission d’écrire le scénario d’un biopic sur Louis Braille. Et pour la seconder, il lui offre les services d’Aurélien, doctorant en histoire, dont les talents en investigations en tous genres devraient l’aider. Bon an mal an, Constance commence donc ses recherches et son travail, sous la houlette d’un Aurélien aussi insaisissable que truculent et d’un Thomas quelque peu tyrannique. Passionnée par son sujet, mais aussi percluse de doutes, la jeune femme s’épanche dans de petits carnets rouges, qui sont autant les témoins de son état d’esprit que de sa progression.

Les Mains de Louis Braille, Hélène Jousse

Pour les biens du film, la narratrice fait des recherches assez exhaustives sur la vie de l’inventeur, en s’attardant particulièrement sur les années fondatrices passées à l’institution royale des jeunes aveugles de Paris. Au fil des recherches de la dramaturge, ce sont quelques 44 scènes retraçant la vie de Louis Braille qui nous sont données à lire, entrecoupées d’extraits du carnet de Constance. Et c’est donc là que le bât blesse, car la narratrice s’avère affreusement bavarde. Non seulement elle s’épanche longuement dans ses carnets – sur son deuil, sur les blagues d’Aurélien, sur son talent à séduire les femmes, sur son tyrannique producteur à qui on mettrait volontiers un code de la politesse entre les mains – mais aussi dans les parties consacrées à Louis. Ce qui rend l’ensemble assez pénible à lire, d’autant que les scripts sont truffés de récits de pensée, ce qui crée un étrange effet et empêche de se projeter dans le film. A moins que celui-ci ne soit entièrement doublé d’une voix-off, difficile d’imaginer à quoi il pourrait ressembler.
Heureusement, la vie de Louis est suffisamment passionnante pour outrepasser ces petits déboires narratifs. Car lorsqu’on y pense, l’invention de Louis Braille est absolument extraordinaire ! De fait, l’autrice montre avec minutie les cheminements de pensée et les tâtonnements expérimentaux du jeune homme. De sa déception à l’arrivée au pensionnat, qui ne compte que quelques livres accessibles aux aveugles (à l’époque ce sont des lettres de grande taille en relief qu’il faut suivre des doigts), à ses diverses expériences, sans oublier sa rencontre avec Charles Barbier de la Serre, l’inventeur du procédé de la sonographie, qui a inspiré Louis Braille. Le récit est parfaitement documenté, sans être indigeste pour autant !

Malgré les longueurs du journal intime qui s’attarde bien trop sur les atermoiements de la narratrice, le récit de l’invention du braille s’avère fascinant. Ce combat de toute une vie ainsi narré force le respect !

Les Mains de Louis Braille, Hélène Jousse. JC Lattès, février 2019.

A propos Oihana 710 Articles
Lectrice assidue depuis son plus jeune âge, Oihana apprécie autant de plonger dans un univers romanesque, que les longues balades au soleil. Après des études littéraires, elle est revenue vers ses premières amours, et se destine aux métiers du livre.

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